Thierry Davila, Sophie Costes et Lydia Yee
Gordon Matta-Clark. Open House
MAMCO, 144 p., 25 euros
Parmi les trois monographies inaugurant la collection de livres du MAMCO de Genève, chacune consacrées à une oeuvre phare de l’institution, à travers une présentation détaillée, une notice la situant dans le cadre de la collection et, le cas échéant, un essai complémentaire – ainsi qu’une iconographie alliant documents d’archives, vues d’exposition et pièces annexes –, celle-ci s’attache à Open House (1972), « seule structure architecturale existante » de l’Américain Gordon Matta-Clark, qui se disait « anarchitecte ». L’un des intérêts de l’ouvrage est de ne pas s’en tenir à ce que fut l’oeuvre, non pérenne, qui d’ailleurs advint sous deux formes légèrement différentes, en mai et septembre 1972, dans Greene Street, à SoHo. Il s’agit plutôt de montrer comment elle devint une pièce de musée à travers sa reconstitution pour une exposition, en 1985 à Chicago, puis sa présentation par le MAMCO à son ouverture, en 1994; l’institution l’acquit en 2007, auprès du collectionneur qui l’avait mise en dépôt. Selon la galeriste Rhona Hoffman, l’artiste « tenait à ce que le projet soit recréé ailleurs dans le monde par des personnes utilisant des matériaux issus de leur environnement proche ». Le labyrinthe fait de portes et autres matériaux de récupération installés, graffités dans une benne à ordures, se voit donc attribuer, dans la collection du musée, la date 19721985-1994. La focalisation de l’ouvrage sur une pièce de l’artiste-météore apparaît justifiée, féconde; elle nécessite pourtant une connaissance préalable de son oeuvre. Par ailleurs, la juxtaposition des trois textes n’apparaît pas idéale, du fait de répétitions ; et ce, malgré l’intérêt de chacun, Thierry Davila écrivant notamment que « Matta-Clark aura consacré son travail à produire des oeuvres inconfortables ».
Anne Bertrand