Georg Baselitz
Danse gothique
L’Atelier contemporain, 424 p., 25 euros
Édité par Detlev Gretenkort, l’assistant de l’artiste, et préfacé par Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef du musée Unterlinden, à Colmar, où Baselitz a exposé en 2019, non loin du célèbre retâble d’Issenheim, cet ouvrage compile des écrits et interviews publiés ici et là sur la période 19612019. En gros, du mythique manifeste pandémonique, écrit avec Eugen Schönebeck et précédant de peu la première et scandaleuse exposition de Baselitz dans la galerie de Michael Werner à Berlin, jusqu’à cette fameuse exposition de Colmar, dans laquelle l’artiste montre essentiellement des tableaux récents : nus l es représentant, l ui et sa femme, en réduisant la palette au noir et blanc. Dans le passionnant entretien avec Frédérique GoerigHergott publié dans le catalogue, Baselitz évoque sa jeunesse et sa découverte de l’oeuvre de certains artistes dans les années 1950, comme Wols, Jean Fautrier, Jean Dubuffet ou encore Fred Deux. Il y parle aussi de la laideur, qu’il considère comme une caractéristique de l’art allemand à travers les siècles – il en appelle à Matthias Grünewald, Hans Baldung Grien mais aussi Otto Dix –, et pour laquelle on comprend qu’elle constitue bien évidemment une forme de beauté. Ce saut dans le passé et la Renaissance allemande est essentiel pour comprendre l’art de Baselitz, qui s’est passionné pour la gravure ancienne ou la sculpture africaine. Ce livre riche de textes éclairants, et par ailleurs abondamment illustré en fin d’ouvrage (ce qui permet de s’y retrouver dans la chronologie des oeuvres de l’artiste), est indispensable pour appréhender ce qu’est véritablement la peinture de Baselitz depuis près de soixante-dix ans : une danse gothique effrénée.