GENNEVILLIERS
Galerie Édouard-Manet / 1er octobre - 5 décembre 2020
Quatre vidéos de Jennifer Douzenel (France, 1984) investissent la galerie Édouard-Manet. Présentées sur des cimaises incurvées et recouvertes de crépi, elles forment un parcours dense parfaitement adapté au lieu. Des ambiances complémentaires les caractérisent. Filmées en Norvège, au Mexique, au Maroc et à Hong Kong, elles épousent les quatre points cardinaux sans que telle ou telle spécificité culturelle ou naturelle s’impose comme une évidence. Les vidéos de Douzenel ont en effet toujours su échapper aux clichés et s’extraire d’une dimension folklorique. L’artiste se contente de capter des moments, prolongés le temps de quelques minutes, qui témoignent d’une universalité. Les contraintes qu’elle s’impose sont toujours les mêmes. Un plan fixe. Une absence de son et un refus de toute mise en scène qui, à ce titre, n’encourage pas de présence humaine. L’animal et le végétal y prédominent. Les éléments. Sans oublier les jeux d’ombres et de lumières dont les variations donnent – tout comme l’incidence d’un mouvement généré par le vent sur un parterre de fleurs, les déplacements de papillons ou l’apparition furtive d’une otarie – une certaine forme de légitimité au recours filmique. Car le paradigme qui s’impose in fine est résolument pictural et les différentes vidéos, débarrassées de toute ambition narrative mais « accordées » les unes aux autres, se donnent à voir comme autant de séquences envoûtantes d’une image aussi mouvante qu’émouvante.
Erik Verhagen
——— Four videos by Jennifer Douzenel (France, 1984) are on display in the galerie Édouard-Manet. Presented on curved, plaster-covered picture rails, they form a dense circuit perfectly adapted to the location. Complementary atmospheres characterise them. Filmed in Norway, Mexico, Morocco and Hong Kong, they follow the four points of the compass without any cultural or natural specificity being obvious. Douzenel’s videos have indeed always been able to escape clichés, and extract themselves from a folkloric dimension. The artist is content to capture moments, prolonged by a few minutes, which bear witness to a universality. The constraints she imposes on herself are always the same: a fixed shot, an absence of sound and a rejection of any staging which, as such, doesn’t encourage a human presence. Animal and vegetal elements predominate.The elements. Without forgetting the play of light and shadow, the variations of which—just like the effect of a movement generated by the wind on a flowerbed, the movement of butterflies or the furtive appearance of a sea lion—give a certain form of legitimacy to the use of film. For the paradigm that imposes itself in fine is resolutely pictorial, and the various videos, free of any narrative ambition but “tuned” to one another, can be seen as so many bewitching sequences of an image moving in all senses of the term.