Gérard Garouste, Catherine Grenier
Vraiment peindre Seuil, 160 p., 20 euros Catherine Grenier avait déjà publié un livre d’entretiens avec Maurizio Cattelan. Elle change de registre en s’entretenant ici avec Gérard Garouste, dont l’exposition à la galerie Templon s’achève début juillet. Garouste, c’est un énorme succès populaire. J’avais lu autrefois l’Intranquille. Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou. Cet entretien jette encore une autre lumière sur la carrière du peintre en revenant sur les faits de manière plus crue. Il est toujours intéressant d’en apprendre plus sur l’enfance des artistes, et l’on comprend combien celle de Garouste a « forgé » sa peinture. Il est par exemple envoyé en Bourgogne chez son oncle et sa tante, et il est clair que sa vie là-bas et la paix éprouvée ont beaucoup compté et sont souvent représentées (en outre, son oncle fait une forme d’art brut et lui, des années plus tard, fonde l’association La Source). Je n’avais pas saisi combien son art est narratif. L’artiste revient sans fard sur l’importance du dessin, du théâtre, ses épisodes de bouffées délirantes : « L’angoisse, ce n’est pas la peur – on peut lutter contre la peur. L’angoisse, c’est quand vous êtes paralysé par l’impossibilité de vivre. » Il évoque également l’antisémitisme de son père, l’exposition du CAPC, les tableaux de 1986-87 peints autour de la Divine Comédie, les oeuvres que, personnellement, je préfère. L’importance de sa rencontre avec Leo Castelli aussi. Et il y a son rapport au judaïsme, lui qui n’est pas juif, mais peut-être compense-t-il inconsciemment les agissements de son père durant la guerre ? En tout cas, il épouse Élisabeth, apprend l’hébreu et suit les séminaires de Marc-Alain Ouaknin. « Qu’est-ce que le judaïsme pour moi ?, nous dit Garouste. Je ne l’approche pas du côté de la religion mais du côté de la philosophie. »