Michaël La Chance
Les Inventeurs de vacarmes Intervention, 308 p., 29 euros
Sous-titré Théorie et pratiques de la performance, cet ouvrage emprunte son intitulé à un aphorisme d’Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche. Pour Michaël La Chance, poète et théoricien québécois, le performeur est un « inventeur de vacarmes ». La performance artistique est un élément perturbateur, une pratique de la secousse : « La performance dit les aberrations de notre époque. En même temps, elle fait partie de cette aberration, elle en est parfois l’outrance. » À travers la performance, acte au présent, l’occasion nous est donnée de comprendre le présent même : parce qu’elle est un usage du temps immédiat. Également, de nous mettre à l’épreuve de ce présent. Pratique faite de gestes et de paroles que caractérisent le risque et l’expérimentation des limites, la performance est en cela « emblématique de l’activité humaine », dans un sens poétique, créatif. Le geste, la parole, « disent » le corps, ils le créent. Adossé à une connaissance profonde du sujet, cet essai se structure en cinq parties articulées les unes aux autres. D’abord, définir ce qu’est la performance, en étudier ensuite les spécificités en puisant dans une offre multiple où l’on rencontre Tehching Hsieh, Marina Abramović, Mapa Teatro, Richard Martel, ORLAN, Boris Nieslony, Jeff Huckleberry, Latifa Laâbissi, Rosy Simas et Piotr Pavlenski. Autre poche d’intérêt, les rapports qu’entretient la performance avec le langage et l’écrit (en lien avec le « poème action » de Bernard Heidsieck). L’ouvrage se clôt avec deux chapitres passionnants consacrés, l’un à la performance à l’ère de l’art numérique (immersion, neurofeedback), l’autre à ce que la performance transforme sur le plan social, entre invitation à l’activisme, émergence de subjectivités individuelles et constitution de mouvements collectifs.
Paul Ardenne