Art Press

Oskar Kokoschka

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L’OEil immuable

L’Atelier contempora­in, 456 p., 25 euros

Je dois l’avouer d’emblée, je connais mal la peinture d’Oskar Kokoschka (1886-1980). C’est pourquoi cet ouvrage est bienvenu pour entrer, par une porte certes théorique, dans l’oeuvre de l’Autrichien. Il regroupe dans un beau volume des articles, conférence­s et essais rédigés entre 1912 et 1967 par l’artiste. Ces textes portent aussi bien sur la peinture qui le nourrit (Rembrandt, Van Gogh…) que la sienne. Dans sa préface, Aglaja Kempf estime que ces « textes servent tous à une thèse analogue : l’édificatio­n par la connaissan­ce des Anciens, à partir de laquelle l’homme peut rester au centre et se réaliser ». C’est dire s’il ne promeut pas la tabula rasa, convaincu qu’une bonne connaissan­ce de l’art doit s’appuyer sur les fondations du passé. L’Antiquité constitue à cet effet un modèle. Toute sa vie, Kokoschka demeure éminemment attaché à la figure et tient des propos assez durs sur l’avènement de l’art abstrait. Le texte qu’il consacre à une mystérieus­e croix noire peinte à Pompéi est étonnammen­t actuel. Un thème revient souvent, celui de la fin du monde et de l’apocalypse, comme dans le texte sur Altdorfer. Il écrit sur Arcimboldo, peintre des Habsbourg qui vécut comme lui sur le territoire de l’Empire austro-hongrois. Après la Première Guerre mondiale, où il est blessé, il connaît curieuseme­nt le succès en Allemagne mais les nazis ne tardent pas à le classer parmi les « dégénérés ». Ces textes portent sur l’art, mais il reste d’autres volumes à traduire, consacrés à d’autres sujets. Et rappelons que Kokoschka avait aussi une activité de dramaturge, il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre. Il fut extrêmemen­t prolifique et eut une longue vie. Ses écrits sont donc nombreux, et ce livre constitue une bonne introducti­on pour le lectorat français.

Richard Leydier

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