Martin Barnier, Laurent Jullier
Une brève histoire du cinéma. 1895-2020
Fayard, « Pluriel », 480 p., 11 euros
Sous ses allures austères, voire ingrates, d’épais livre de poche aux pages densément remplies et ponctuées de chronologies, vignettes, schémas et encadrés, cette copieuse Brève histoire du cinéma est une merveille où, loin de tout purisme, érudition se conjugue avec vulgarisation. L’intention du livre est précisée d’entrée : « Son but n’est pas de fixer des limites à ce qui mérite ou non le nom de cinéma, mais de comprendre comment le cinéma a d’abord été une curiosité, puis est devenu une institution et pour finir tout simplement une idée. » Enchaînant des chapitres consacrés chacun à une dizaine d’années, l’ouvrage progresse lentement mais le récit ne cesse de se renouveler. Assumant la multiplicité du cinéma comme art, divertissement et industrie, les universitaires Martin Barnier et Laurent Jullier savent changer de prisme pour pointer la spécificité de chaque période. Leur histoire est tour à tour théorique, esthétique, culturelle, économique, sociologique et technique. Ils ne se contentent pas d’une sélection de grands réalisateurs et de films considérés comme des chefs-d’oeuvre. Les blockbusters, le cinéma pornographique et les « nanars » sont étudiés avec le même intérêt, tout comme les différents acteurs de la chaîne de production et de diffusion, jusqu’aux spectateurs et aux conditions de leur expérience – y compris celle du drive-in. En outre, cette Brève histoire est résolument mondiale – elle accorde une large place aux cinématographies indienne, sud-américaine ou africaine – et aborde l’animation et les séries. Parue pour la première fois en 2017, cette édition est augmentée d’un chapitre sur la situation « Autour de 2020 », marquée par la crise sanitaire, le confinement, la fermeture des salles et le renforcement de la consommation domestique des films.
Étienne Hatt