Georges Wolinski
Humour
Beaux-Arts de Paris, 96 p., 20 euros
La famille de Georges Wolinski lègue 41 de ses dessins à l’école des beauxarts de Paris, où le dessinateur étudia brièvement l’architecture dans les années 1950. « Une seule école acceptait les élèves sans diplôme, raconte Wolinski, c’était les beaux-arts, où il suffisait de passer un examen de culture générale et de dessin. » Ce legs est exposé au début de cet automne et, à cette occasion, est aussi édité un petit ouvrage comprenant des textes de Philippe Lançon et Emmanuelle Brugerolles. L’auteur du Lambeau y parle généralement de son ami Wolinski au présent, c’est assez poignant. Il décrit sa personnalité : «Wolinski travaille sérieusement, ne se prend pas au sérieux… Il prétendait dessiner les cons pour mieux les éviter. Parfois les cons finissent par sortir du dessin pour entrer dans la vraie vie, et on ne peut plus les éviter. » Il évoque son rapport à l’art contemporain, assez conflictuel, tandis que Wolinski avouait volontiers avec humour être « devenu un vieux con ». Il éreinte César et Arman, à quelque chose près, il est de la même génération que les nouveaux réalistes, mais devant un dessin où les cheveux d’une femme enduits de peinture laissent une trace sur la toile, on pense évidemment aux « femmes pinceaux » d’Yves Klein. Le plus moqué demeure feu Christian Boltanski avec son exposition Personnes sous la nef du Grand Palais en 2010, mais la diatribe de Wolinski, rappelle Brugerolles, portait surtout sur les égarements financiers de l’art contemporain, et notamment la vente du Balloon Dog de Jeff Koons en 2013 (58,4 millions de dollars tout de même). Les véritables artistes de l’époque étaient pour lui les dessinateurs de presse, « beaux, intelligents, plein d’humour ». En somme, c’est là un autoportrait, et de l’humour, Wolinski était loin d’en manquer.
Richard Leydier