Marcel Broodthaers. Poèmes industriels, lettres ouvertes
WIELS / 10 septembre 2021 - 9 janvier 2022
Marcel Broodthaers. Poemes industriels, lettres ouvertes. Vue de l’exposition show view WIELS, Bruxelles, 2021. (Ph. P. De Gobert)
Fruit de plusieurs années de travail scientifique, cette importante exposition du Belge Marcel Broodthaers (1924-1976) vient combler un vide : la mise en valeur de ses Poèmes industriels. Réalisées en plastique thermoformé (à l’instar des plaques de rue), tirées à sept exemplaires (à la limite du multiple et de l’oeuvre originale), ces plaques constituent en quelque sorte une synthèse entre son vocabulaire plastique et sa pensée poétique, sous la forme d’associations visuelles et de rébus énigmatiques. Pictogrammes, mots, lettres, ponctuations, notations musicales apparaissent en relief sur ces plaques de format identique, où la couleur le dispute au noir et blanc, avec de nombreuses variantes pour les premières, un jeu sur le positif et le négatif pour les secondes. Bon nombre d’entre elles sont en rapport avec son grand oeuvre qui l’a occupé de 1968 à 1972, son Musée d’art moderne, Département des Aigles, dont il était à la fois le concepteur, le directeur, le régisseur et le gardien. Les différentes évolutions de ce musée personnel ont été exposées à l’époque dans plusieurs institutions européennes, à l’heure où la notion même de musée faisait débat dans le contexte de la révolution culturelle soixante-huitarde, dont l’artiste fut une des figures de proue à Bruxelles. On y trouve un écho dans ses Lettres ouvertes, adressées à différentes personnalités du monde de l’art, qui viennent ici ponctuer chacune des salles. En rassemblant pour la première fois ces 120 plaques, l’exposition fait figure d’événement et a donné lieu à la publication de leur indispensable catalogue raisonné (coédition WIELS / Marot / Hatje Cantz).
Bernard Marcelis
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The result of several years of scientific work, this major exhibition of the Belgian artist Marcel Broodthaers (1924-1976) fills a gap: the display of his Poèmes Industriels. Made of thermoformed plastic (like street signs), printed in a series of seven copies (on the borderline between a multiple and an original work), these signs constitute a sort of synthesis between his plastic vocabulary and his poetic thought, in the form of visual associations and enigmatic visual puns. Pictograms, words, letters, punctuation and musical notations appear in relief on these identical format plates, where colour competes with black and white, with numerous variations for the former, and a play on the positive and negative for the latter. Many of them are related to the great work that occupied him from 1968 to 1972, his Musée d’Art Moderne, Département des Aigles [Museum of Modern Art, Department of Eagles], of which he was at once the designer, director, manager and caretaker. The various developments of this personal museum were exhibited at the time in several European institutions, at a time when the very notion of the museum was being debated in the context of the Sixties cultural revolution, of which the artist was a leading figure in Brussels. This is echoed in his Lettres Ouvertes [Open Letters] addressed to various personalities in the art world, which punctuate each of the rooms here. By bringing together these 120 plates for the first time, the exhibition is an event and has led to the publication of their indispensable comprehensive annotated catalogue (co-published by WIELS / Marot / Hatje Cantz).