L. Corbel, C. Viart
(dir.) Paperboard. La conférence performance : artistes et cas d’étude T & P Publishing, 208 p., 25 euros
L’objet de cet ouvrage tient de l’oxymore, les codes de la conférence, souvent universitaire, rencontrant la liberté de la performance, toujours artistique. Il est à la fois ancien – on le découvre pratiqué par Sir Joshua Reynolds à la Royal Academy de Londres entre 1769 et 1790 – et devenu depuis deux décennies, dit Laurence Corbel, une « pratique bien installée dans les circuits de l’art contemporain », à l’exemple d’Esther Ferrer ou Xavier Le Roy, en passant par les épisodes historiques incarnés par Yves Klein (1959), Robert Morris (1964) ou Robert Smithson (1972). Convoquant le texte / le langage, l’image / la forme, le corps / l’objet, la voix / le son, la conférence-performance varie dans sa forme, d’où son attrait pour les artistes qui la pratiquent, et pour le public auquel elle s’adresse. Il s’agit, sur le moment, de déconstruire, pour (re)construire, autre chose, autrement. D’où l’intérêt des contributions réunies, sur des modes également variés, qui résultent pour la plupart d’un colloque et d’une journée d’études organisés à Rennes, le premier fédérant, en 2013, le Frac Bretagne, le Musée de la danse, l’École européenne supérieure d’art de Bretagne et l’université Rennes 2, la seconde ayant eu lieu dans ce dernier établissement en 2016. Riche, dense, protéiforme, le livre ne manquera pas d’inspirer à de nouveaux talents de nouvelles créations, plus étonnantes et passionnantes encore, qui à leur tour… Bien sûr la conférence-performance demande qu’on y assiste « en vrai ». Mais pour celles et ceux qui auraient manqué l’une ou l’autre des séances évoquées, et bien d’autres encore, on rêverait qu’il existe un moyen d’y revenir, de façon plus directe que par la documentation et la réflexion ici menée. À quand un festival de conférences-performances, qui porterait ce beau titre, Paperboard ?