Daniel Spoerri. Le Théâtre des objets
NICE
Mamac / 16 octobre 2021 - 27 mars 2022
C’est la première fois que Nice, haut lieu du Nouveau Réalisme qui vit naître Arman et Klein, consacre une grande exposition (commissariat : Rébecca François) à Daniel Spoerri (Roumanie/Suisse, 1930). Forte de plus de 300 oeuvres, elle permet de déambuler dans plus de 60 ans de création. Dès le début des années 1960, Spoerri piège des objets dans des tableaux. Ce principe de « redressement » sera particulièrement visible dans ces reliefs de repas qu’il réalise suite à de joyeuses agapes dont on a ici quelques exemples en vidéo. Au vu des trognes rigolardes, on ne suçait sans doute pas que des glaçons dans le restaurant Spoerri. Les oeuvres comme les Murs ont des oreilles ou Tondre un oeuf (1964) sont drôles et parfaitement littérales. Elles semblent descendre en droite ligne des calembours duchampiens. Et l’on se rend compte que Spoerri, toute sa vie durant, n’a jamais fait que des readymade (transformés, évidemment). L’exposition a pour titre le Théâtre des objets, qui sont effectivement partout. Ils ont un côté « sud de la France » en ce qu’ils évoquent Arman, Ben, et aussi le Musée international des arts modestes (MIAM) à Sète. Ce qui est très beau, c’est la série de collages, réalisés il y a 10 ans, qui clôt l’exposition, et qui mêle gravures médicales et objets collés. Le contraste entre la froideur des corps autopsiés et les objets (pansements, coquillages…) est proprement déroutant.
Richard Leydier
Daniel Spoerri. Les Puces. 1961. Objets
fixés sur table en bois et Isorel objects fixed on wooden table. 49,5 x 75 x 92 cm. (Coll. MAC VAL ; Ph. Jacques Faujour
© Daniel Spoerri)
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For the first time, the city of Nice, birthplace of New Realism, where Arman and Klein were born, has devoted a major exhibition (curated by Rébecca François) to Daniel Spoerri (Romania/Switzerland, b. 1930). With more than 300 works, it allows us to wander amid longer than six decades of creation. Right from the beginning of the 1960s, Spoerri trapped objects in his paintings, and this principle of the “snare-picture” was particularly visible in his Eat Art, reliefs made of the vestiges of meals after merry feasts, of which a few examples are given on video in the exhibition. Given the laughing faces, Spoerri’s restaurant didn’t seem to flow with lemonade alone. Works such as Les Murs ont des oreilles [The Walls Have Ears] and Tondre un oeuf (Shear an Egg, 1964) are funny and perfectly literal. They seem to be direct descendants of Duchamp’s puns. This leads us to realise that Spoerri never actually made anything other than readymades (transformed, of course) throughout his life. The title of the exhibition is Le Théâtre des objets, and objects are indeed everywhere. They have a “South of France” feel to them in that they evoke Arman, Ben, and also the Musée International des Arts Modestes (MIAM) in Sète. What is very beautiful is the series of collages, made ten years ago, that are closing the exhibition, mixing medical engravings and collaged objects. The contrast between the coldness of the autopsied bodies and the objects ( bandages, safety pins, seashells, etc.) is truly bewildering.