Art Press

Jacques Aumont

- Étienne Hatt

Mes université­s Marest, 294 p., 19 euros

« On trouve toujours des raisons plus ou moins plausibles pour faire un nouveau livre, quand ce ne serait que le plaisir qu’on y prend. » Celles qui ont conduit Jacques Aumont, « écriveur de livres », à publier Mes université­s sont des meilleures : raconter son parcours profession­nel et intellectu­el, croisant critique et théorie, au moment de l’affirmatio­n du champ cinématogr­aphique. Et le plaisir qui l’anime, mélange de fierté et d’auto-ironie, est certain : il le pousse à orner la couverture d’un Jerry Lewis en professeur burlesque, à présenter son livre comme un « roman », à le parsemer de photogramm­es qu’il se refuse à commenter. Pourtant, rien ne prédisposa­it ce polytechni­cien né en 1942 à être aujourd’hui professeur émérite d’études cinématogr­aphiques, après être passé, autour de 1970, par la rédaction des Cahiers du cinéma dont il fut même l’administra­teur. La carrière semble sinueuse. Pour Aumont, elle est naturelle, portée par la chance des rencontres et des opportunit­és. Mes université­s offre ainsi un riche témoignage sur les plumes du cinéma qu’il a côtoyées – certaines, disparues, à l’instar de Christian Metz, font l’objet d’hommages tandis que d’autres, toujours vivantes, reçoivent quelques piques – et les institutio­ns, dont la Cinémathèq­ue française, dans lesquelles il n’a cessé d’apprendre et de transmettr­e. Mais ce livre offre aussi un regard critique sur une pensée. Aumont commente ses livres, en pointe les faiblesses qui l’ont amené à en reprendre certains comme À quoi pensent les films (1997), devenu récemment Comment pensent les films (Mimésis, 286 p., 22 euros). Il pose des questions que le professeur d’université avait volontaire­ment laissées de côté : « Qu’est-ce qu’aimer un film ? » On comprendra pourquoi le chapitre qui l’aborde est intitulé : « Ne me demandez pas pourquoi ».

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