Eva Koťátková. Mon corps n’est pas une île
BORDEAUX
Capc musée d’art contemporain / 10 février - 29 mai 2022
Dans la nef, Eva Koťátková (Tchéquie, 1982) déploie tous les indices d’un grand déballage qui privilégie la succession et l’entrecroisement, reconfigure des cadres de référence, s’adapte à de multiples formes et supports, et ne saurait donc donner lieu à une interprétation univoque et définitive. Caisses, sculptures, objets, collages, costumes et affiches produisent une attente confrontant d’abord le visiteur à une situation d’interrogation et d’apprentissage, puis le convient à répondre à cet appel d’air et l’incitent à s’aventurer dans l’effervescence des sollicitations. Les cloisons n’existent plus : tout se côtoie, tout s’interpelle et tout se rencontre. Le potentiel créatif de ce désordre multiplie les entrées et les sorties. Le fil narratif est constamment rompu par les digressions où se mêlent récits, réflexions, fantasmes et contes. Il apparaît par bribes et ne cherche pas à éviter tout décalage ou toute fluctuation. Cette exposition se présente comme un paysage qui emprunte à la fois à l’humain, au végétal et à l’animal. Ce paysage, morcelé et disparate, impose une densité maximale avec un bord de dentelle, et ne cesse d’établir des connexions entre le connu et l’inconnu, le minuscule et l’infini, le politique et le poétique. Espace de production et élan créatif, il est à l’écoute des rêves de corps marqués par diverses atteintes et altérations. Il s’ouvre à une libre circulation, mobilise les émotions pour en faire des forces vives et engage à s’inscrire dans une réalité collective.
Didier Arnaudet
Eva Koťátková. Mon corps n’est pas une île. Vue de l’exposition show view. (Ph. Arthur Pequin)
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In the nave, Eva Koťátková (Czech Republic, b. 1982) deploys all the indicators of a great unpacking that favours succession and interlacing, reconfigures frames of reference, adapts to multiple forms and substrates, and therefore eludes any unequivocal and definitive interpretation. Crates, sculptures, objects, collages, costumes and posters produce an expectation that initially confronts the visitor with a situation of questioning and learning, before compelling them to respond to this magnet effect and encouraging them to venture into the effervescence of temptations. Partitions no longer exist: everything mingles, everything is called into question and everything comes together.The creative potential of this disorder multiplie the inputs and outputs. The narrative thread is constantly broken by digressions where stories, reflections, fantasies and fairy tales intertwine. It appears in fragments and does not seek to elude any discrepancy or fluctuation. This exhibition presents itself as a landscape that simultaneously borrows from humans, plants and animals. This landscape, fragmented and disparate, imposes a maximum density with a lace-trimmed edge, perpetually establishing connections between the known and the unknown, the infinitesimal and the infinite, the political and the poetic. As a production space and a creative impulse, it is attentive to the dreams of bodies marked by various attacks and alterations. It opens up to free movement, mobilises emotions, turning them into vital forces, and commits itself to a collective reality.