Élisabeth Couturier
Art contemporain, le guide Flammarion, 223 p., 24,90 euros
Attention, contrairement à ce que laisse entendre son titre, Art contemporain, le guide n’est pas la réédition de l’introduction à l’art contemporain publiée par Élisabeth Couturier chez le même éditeur il y a près de 20 ans. Son sous-titre, Ce qu’il doit aux chefsd’oeuvre du passé, indique son ambition de tordre le cou à l’idée selon laquelle l’art contemporain s’inscrit en rupture avec les périodes antérieures. L’autrice tisse de nombreux fils entre hier et aujourd’hui qui font de son ouvrage une singulière histoire de l’art au prisme de l’art contemporain. Très bien illustrés, les courts chapitres s’enchaînent en effet chronologiquement depuis la Préhistoire jusqu’au dadaïsme et au surréalisme. Ils ne cherchent pas à établir des catégories abstraites traversant les époques – le baroque ou le classique – mais à mettre au jour les caractéristiques d’une période et leurs prolongements actuels. Plutôt inattendu, celui sur l’art byzantin montre la diversité des rapprochements effectués. Certains sont techniques ou formels, à l’instar de la feuille d’or ou de la mosaïque, dont une version contemporaine de la tesselle pourrait être le pixel. D’autres sont culturels, de l’icône comme figure de dévotion au métissage propre à l’art byzantin, trait d’union entre Orient et Occident. Ces rapprochements ne sont malheureusement parfois que des hypothèses. Si Hervé Di Rosa a appris la feuille d’or comme d’autres techniques historiques et artisanales, The Hallo (1985) de James Lee Byars évoque « pourquoi pas? » une auréole. Ces reprises, citations et détournements sont ambivalents. L’histoire de l’art peut être envisagée comme une matière vivante. Elle peut aussi être jugée « encombrante ». En témoigne la figure de l’odalisque. À distance de l’orientalisme et de l’artifice d’Ingres, celle de Lalla Essaydi est réaliste et féministe.