Charlotte Cosson
Férale. Réensauvager l’art pour mieux cultiver la terre Actes Sud, 334 p., 23 euros
Peut-on faire partie du monde de l’art et contribuer à la décroissance ? L’art peut-il se conjuguer avec la permaculture ? Lorsqu’une historienne de l’art et commissaire d’exposition décide de créer un lieu aux portes du Lubéron, c’est en prônant un retour au sauvage. « Férale » : nom programmatique s’il en est. Férale, c’est un livre où les idéaux s’égrènent librement au fil des pages – à l’instar des plantes rudérales qui poussent dans ces quelques 2,5 hectares désormais dédiés à un art puisant son inspiration dans les besoins du vivant. Charlotte Cosson revient sur les fondamentaux d’une anthropologie de l’environnement : nature/culture, sauvage/domestique… Elle noue des liens littéraux entre toutes les acceptations du mot « culture » : produit du sol ou d’individus. À l’origine de Férale (le lieu) était la volonté de s’installer sur des terres afin de les préserver de la destruction. De cette volonté première est aussi née une étude approfondie de ce que l’art pouvait pour ces espaces éreintés par l’exploitation humaine : de Dada au land art en passant par l’art conceptuel, l’auteure creuse dans l’histoire de l’art comme dans la terre à la recherche de références parfois ébouriffantes. À ces références disséminées au gré des pages répondent des noms d’artistes contemporains engagés dans une création écologique ou du moins tournés vers des pratiques imaginées dans le respect du monde animal et végétal. De ce retour au sol germe en outre le désir d’offrir du temps et de l’espace pour réfléchir en marge d’une société de l’art sclérosée par le marché et sa réalité économique défavorable. Férale, c’est une plongée au coeur d’une pensée en train de se faire, à l’image d’un lieu où tout se construit au fur et à mesure. Une pensée « permacole » posée sur le papier. Un livre au rythme organique qui fait fleurir la curiosité.