Jean Sabrier. Ce qu’on ne voit pas
BORDEAUX Capc - musée d’art contemporain / 7 avril 2023 - 28 avril 2024
Préoccupé par les questions de perception et de construction de la représentation, Jean Sabrier (19512020) a développé une oeuvre dense et énigmatique. Elle en appelle à la peinture, la sculpture, la photographie, l’installation et l’édition, mais aussi aux mathématiques, à l’informatique et aux images nouvelles, convoque Paolo Uccello, Piero della Francesca, Léonard de Vinci tout comme Marcel Duchamp et interroge ce silence qui sépare le regard et la chose regardée. Cet artiste français aborde le problème du visible par le biais de la transparence. Ce qu’il donne à voir se dérobe, s’estompe pour mieux se laisser transpercer par l’exigence d’un savoir voir. Dès lors, l’apparence des choses ne se dresse plus comme une butée qui arrête la vision mais se propose comme une sorte de bulle d’air qui ouvre les portes d’un espace mental. Commissaire de cette exposition, Alice Cavender n’a pas choisi de se plier à un cadre chronologique mais a préféré composer une partition sensorielle dépliée en plusieurs séquences et guidée par l’association vagabonde des multiples aimantations de ce singulier parcours. Ainsi se propage une « ingénieuse broderie » constituée des fils innombrables engendrés par les oeuvres de différentes époques, croisées et traversées par les expérimentations et les recherches sur la perspective, l’anamorphose, le trompe-l’oeil, la spirale et le mouvement. Cet entrecroisement montre la cohérence de la démarche de Sabrier où tout est relié par une ramification constante des points de vue et des points de contact.
Preoccupied by questions of perception and the construction of representation, Jean Sabrier (1951-2020) developed a dense and enigmatic body of work. It calls on painting, sculpture, photography, installation and publishing, but also mathematics, computer science and new images, summoning Paolo Uccello, Piero della Francesca, Leonardo da Vinci as well as Marcel Duchamp and questioning the silence that separates the gaze and the thing under observation.This French artist approached the problem of visibility by means of transparency. What he shows us slips away and recedes, the better to be pierced by the rigour of knowing how to see. As a result, the appearance of things no longer rears up like an obstacle to block our vision, but is proposed as a sort of air bubble that opens the doors to a mental space. Alice Cavender, the curator of this exhibition, has chosen not to adhere to a chronological framework, preferring to compose a sensory score which unfolds in several sequences, guided by the vagabond association between the multiple magnetisations of this singular body of work. An “ingenious embroidery” spreads out in this way, made up of countless threads generated by works from different periods, crisscrossed by experiments and research into perspective, anamorphosis, trompe-l’oeil, spirals and movement. This interweaving reveals the coherence of Sabrier’s approach, in which everything is linked by a constant branching-out of points of view and points of contact.