Charles Burns
Dédales (Tome 3) Cornelius, « Solange », 88 p., 25,50 euros
Numéro 3 de la série Dédales, cet épisode est le plus abouti. Son scénario est clair, très structuré et, quand ça part dans le fantastique – car, inévitablement, il y a un passage avec des créatures venues d’une exoplanète sacrément barrée qui font léviter notre bon vieux héros Brian Milner à poil dans les airs –, c’est dans la logique de l’histoire et parfaitement intégré. Bien entendu, le dessin fascinant, la néoligne claire de Charles Burns emportent l’affaire. Il pourrait illustrer le manuel d’entretien de la tondeuse à gazon thermique Wolf RM46BO-163CC que ce serait génial. Dans ce Dédales 3, on retrouve Laurie dont Brian est raide dingue mais bien trop introverti pour le lui avouer. Et, dans cet épisode où toute la bande d’amis campe sur les bords d’un lac, Brian découvre que Laurie a une nette préférence pour les filles puisqu’il la surprend lorsqu’elle sort de la tente de Tina dans une tenue qui laisse à penser qu’elles ne jouaient pas au Monopoly. Brian traîne toujours sa dépression carabinée et avale une quantité de neuroleptiques qui assommeraient un hippopotame. Il dessine toujours aussi compulsivement. Et, bien entendu, il embarque tous ses camarades pour tourner une énième fois un film qui devrait obtenir haut-la-main un Oscar au Festival Nanars de Saint-André-le-Gaz. D’ailleurs, si on tournait un film à partir de ce livre, on obtiendrait un résultat aussi désastreux que celui réalisé par Brian. C’est vraiment le dessin prodigieux de Charles Burns qui tient le livre, sa science graphique pour raconter la vie morne et banale de six jeunes adultes. Contrairement à Daniel Clowes, les histoires de Burns ne sont jamais au second degré. Il n’y a aucune distanciation. Lecteur, on ne se moque pas de Brian et de ses frustrations. On le trouve touchant et attachant.