Miquel Barceló
De la vida mía
Mercure de France, 264 p., 35 euros
Dans cet autoportrait poétique, l’artiste espagnol Miquel Barceló développe un récit intimiste de son enfance à Majorque, de sa vie à Paris et de l’empreinte indélébile de ses nombreux séjours au Mali sur son oeuvre. Un texte écrit directement en français, sa langue d’adoption, accompagné de carnets de croquis et de notes, où il évoque son lien à la nature, très présente dans son travail dans lequel il incorpore divers matériaux comme le sable et la terre mélangés à l’eau, et plus particulièrement son lien à la nature de son île natale. Des photographies d’archives illustrent son histoire, qu’il commente directement en évoquant des souvenirs rappelés par les images. Majorque, c’est aussi sa mère, peintre paysagiste et tapissière dont il est très proche, qui l’a inspiré dès l’enfance. L’Afrique ensuite, le Mali surtout, où il avait un temps un atelier, est pour lui le lieu de sa nostalgie. « Je me suis servi de l’Afrique comme mesure de toute chose et tout me semblait terne et morne en comparaison », écrit-il. Son odyssée parisienne enfin, sur les pas de Picasso et des ateliers d’artistes, où il aime s’imprégner de la vie des peintres, complète ce voyage dans sa vie. Passant d’une ode à la plongée ou à la lecture à des photographies de l’artiste travaillant à l’atelier, à la genèse de grands projets tels que le plafond de l’ONU à Genève et les vitraux sgraffés de son atelier, où il a « dessiné avec l’argile, peint avec la lumière », ce livre révèle, sur un ton très personnel, les nombreuses facettes de la personnalité de Miquel Barceló. Amusant, léger et riche en anecdotes, aussi sincère qu’un journal intime, cet ouvrage est mesuré entre souvenirs d’artiste et souvenirs d’homme, convient parfaitement aux lecteurs souhaitant comprendre l’artiste dans son entièreté.