Le monde politique sous le choc
IL ÉTAIT 20 HEURES à l’assemblée nationale quand le président de séance, Hugues Renson, a pris la parole, la voix nouée par l’émotion. « Nous avons appris avec effroi l’abominable attentat qui s’est produit. Au nom de la représentation nationale, je tiens à saluer la mémoire de la victime », a lancé l’élu LREM de Paris avant de dénoncer un « abominable attentat ». Dans l’hémicycle clairsemé, les députés se sont tous levés dans un silence qui en dit long sur la sidération de la classe politique, après la décapitation du professeur d’histoire à Conflans-sainte-honorine, dans les Yvelines.
Dans l’avalanche de réactions sur les réseaux sociaux, les mots « horreur », « barbarie », « nausée » ont déferlé… « C’est un attentat contre la liberté d’expression et les valeurs de la République. S’attaquer à un professeur, c’est attaquer tous les citoyens français », a réagi le président (LREM) de l’assemblée nationale, Richard Ferrand. La colère de Jean-luc Mélenchon était aussi palpable face à « l’ignoble crime » : « En fait, l’assassin se prend pour le dieu dont il se réclame. Il salit sa religion. Et il nous inflige à tous l’enfer de devoir vivre avec les meurtriers de son espèce », a déploré le leader de la France insoumise.
« Unité et fermeté »
Au-delà de l’émotion et de l’indignation, de nombreux élus ont assuré que la République ne « cédera pas », à l’instar du ministre de l’education, Jean-michel Blanquer : « Notre unité et notre fermeté sont les seules réponses face à la monstruosité du terrorisme islamiste. Nous ferons face. » Xavier Bertrand, le patron (ex-lr) des Hauts-defrance, a employé le même ton : « Ces terroristes veulent nous faire taire, nous mettre à genoux. Qu’ils sachent que nous ne plierons pas. »
Mais à droite, les mots se font encore plus durs dans les réactions de certains élus. Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne - Rhône-alpes, a dénoncé ainsi « cinq ans de soumission à l’islamisme, cinq ans de routine macabre » après les attentats de 2015, avant de conclure : « Quand notre pays va-t-il réagir ? Les grands discours doivent céder la place aux grandes décisions contre le terrorisme », a renchéri Christian Jacob, patron des Républicains.
Même François Fillon est sorti de sa réserve, dans laquelle il se mure depuis 2017, pour demander lui aussi une réponse implacable : « La barbarie au coin de la rue. Voilà où mène le totalitarisme islamique, que j’ai maintes fois dénoncé. Plus d’aveuglement, plus de recul. Il faut tous ensemble agir puissamment », a tweeté l’ancien Premier ministre. A l’extrême droite, Marine Le Pen, cheffe du Rassemblement national, en a appelé à la « force » : « L’islamisme nous mène une guerre : c’est par la force que nous devons le chasser de notre pays. »