Il a filmé la course-poursuite « par réflexe »
Un habitant d’eragny a assisté à la poursuite de l’homme qui a décapité l’enseignant.
Jusqu’à la série de coups de feu fatale.
DANS LA MAISON familiale du quartier du Grillon, Stéphane* a filmé l’intervention de la police à la poursuite de l’homme qui a décapité l’enseignant du collège du Bois-d’aulne, à Conflans-sainte-honorine (Yvelines). Il accepte de témoigner « à condition de ne pas être identifiable et de ne pas être enregistré ».
Cet homme d’un peu moins de 30 ans était avec ses proches quand il a été alerté par « des bruits ». « On est allé voir par la fenêtre, côté jardin, raconte-t-il. On a vu un homme courir et des policiers sortir des voitures. » Stéphane dégaine son portable et filme la scène, « par réflexe » comme il le fait habituellement « dès que quelque chose se passe ». On y entend les policiers hurler à plusieurs reprises : « Au sol, allonge-toi, jette ton arme. »
« Arrête-toi, baisse ton arme ! »
« Je ne sais pas ce qu’a crié l’homme, je ne me prononcerai pas, reprend le témoin. J’ai seulement vu qu’il était habillé de vêtements clairs et que ce n’était pas une tenue religieuse. Les policiers lui ont crié plusieurs fois : Arrête-toi, baisse ton arme ! Je n’ai pas l’impression que c’était une arme à feu. »
La rue, qui relie Eragny à Conflans, où se trouve le collège du professeur d’histoire, est heureusement quasi déserte. « C’est résidentiel, il n’y a pas de jeux pour enfants, ni rien, juste un piéton qui passait par là et s’est écarté, décrit Stéphane. Puis, cinquante secondes après le début de la vidéo environ, il y a eu les coups de feu. Ils étaient vraiment proches, ils l’ont eu tout de suite. »
Sidéré, le jeune homme coupe la caméra. « On était choqué ! Au début, on ne savait pas ce qu’il s’était passé avant, on n’a pas compris tout de suite ce qu’on a vu », explique-t-il. Depuis, il est scotché sur les chaînes d’info.
« Le quartier est bouclé, il y a des lumières bleues partout, répète-t-il. Les gens qui rentrent chez eux sont obligés de se garer à 700 m et de finir à pied. On ne peut plus sortir. » Il est quand même descendu, « après le passage des démineurs ». Cette fois, s’il a ressorti son portable, c’était bien « à des fins commerciales », concède-t-il. légiens et des lycéens. « Il faut qu’ils soient montrés dans les établissements, que la liberté d’expression soit dans les livres d’histoire. » « Si on ne réagit pas très vite, on va perdre des libertés, on fait face ici encore à une forme de fascisme », poursuit-elle.
Les événements d’hier auront-ils un impact sur le procès ? « Il est possible que l’on continue à dire que le combat n’est pas gagné, répond Me Richard. Finalement, il y a cinq ans, nous n’avons pas été assez Charlie. On a dit que l’on était Charlie, il faut le montrer maintenant. »