Une envie de vacances loin du coronavirus
Le couvre-feu bouscule la manière de vivre les vacances de la Toussaint. A la dernière minute, certains décident de partir dans les zones épargnées par les contraintes.
COMMENT PROFITER de ces deux semaines de congés scolaires de la Toussaint qui débutent aujourd’hui ? Rester à la maison, réserver une location, partir chez des amis à la campagne ou chez les grands-parents ? Le choix est cornélien. Même si Emmanuel Macron, dans son intervention télévisée mercredi soir, assurait que « demander aux gens de rester confinés dans un appartement et de ne pas aller dans un lieu de vacances serait disproportionné », seulement 14 % des Français* (soit 8 points de moins que l’an dernier) déclarent qu’ils partiront pour la Toussaint.
D’abord en France, pour 82 % des partants (+ 12 points). 16 % après avoir changé leurs plans pour choisir une région peu fréquentée afin d’éviter les foules. 36 % se rendront dans leur famille ou chez des amis avec comme premier objectif de « changer d’air ».
Ultra-dernière minute
Mais le couvre-feu, instauré à partir d’aujourd’hui pour quelque 18 millions d’habitants de neuf agglomérations de l’hexagone, change un peu la donne. « Même si cela ne rattrapera pas le retard puisque nous sommes à - 20 % de notre chiffre d’affaires pour la Toussaint, on observe auprès de notre centrale de réservations sur les dernières quarante-huit heures un léger rebond de 10 à 15 % des prises de commande en ultra-dernière minute, se réjouit Laurent Dusollier, directeur général du groupe Odalys et de son réseau de près de 300 résidences en France. Il semble que cela vient principalement de clients le plus souvent urbains et concernés par les dernières mesures, ayant une envie de vacances loin du couvre-feu. »
Des gîtes moins grands
Le comparateur en ligne Kayak fait le même constat : dès mercredi à 21 heures et jusqu’à jeudi minuit, les recherches de vols depuis les villes impactées par le couvre-feu ont augmenté de 23 % et celles sur les locations de voiture ont augmenté de 16 %. « On observe clairement une envie d’ailleurs des Français, qui recherchent un changement de décor mais sans partir trop loin », observe Johnlee Saez, directeur général de Kayak Europe.
Pour Solange Escure, directrice générale du réseau des Gîtes de France, le constat est encore plus positif. « Pour l’instant, nos taux d’occupation moyens sont quasiment équivalents à ceux de la Toussaint 2019 », explique-t-elle. Seul bémol, « à cause de la recommandation de ne pas se réunir à plus de six personnes », on note quelques annulations sur des gîtes à large capacité d’accueil où de grandes réunions étaient programmées. « En revanche, l’assurance qu’il n’y aura pas, pour l’instant, de limitation de déplacement entre les régions a facilité les prises de décisions pour la Toussaint mais aussi pour les prochaines vacances de fin d’année. »
La prime au soleil
Reste à choisir le bon endroit. Les régions vertes, à la campagne et à la montagne, sont les grandes gagnantes. Le bord de mer garde lui aussi la préférence de beaucoup, avec une prime au soleil (la Corse et la Côte d’azur occupent les premières places dans les recherches de vols chez Kayak) et aux petites communes éloignées des grandes stations balnéaires. L’arrivée de touristes inspire toutefois une certaine méfiance chez certains. Craignant une marée de Parisiens et de Lillois, Le Touquet, dans le Pas-de-calais, s’est auto-imposé un couvrefeu. L’extinction des feux y est fixée à 23 h 30, ce qui ne découragera pas les sorties au restaurant, mais pour les prolongations festives, il faudra passer son chemin. Quant au maire de La Baule (Loire-atlantique), il a opté pour le port du masque obligatoire en extérieur lors des deux prochaines semaines, histoire de « préserver la santé de ses administrés ».
"Un changement de décor mais sans partir trop loin
JOHN-LEE SAEZ, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE KAYAK EUROPE