« Les déplacements ne posent pas problème, si…»
Pour l’épidémiologiste Pascal Crépey, en respectant certaines règles, on minimise les risques.
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Les gens ont compris que les gestes barrière étaient indispensables. Cette prise de conscience nous évitera les comportements anarchiques du début du confinement. MICHEL PARENT,
MAIRE DU CHÂTEAU-D’OLÉRON (CHARENTE-MARITIME)
ON EN A TOUS BESOIN, pour chasser la grisaille du temps ou la sinistrose de l’épidémie. Mais un petit air résonne : « Partir en vacances — maintenant —, est-ce bien raisonnable ? » Contrairement aux apparences, les voyants sanitaires du départ ne sont pas si rouges que cela.
« Partir avec sa famille, dans une location ou dans sa résidence secondaire, n’a rien de problématique », relève Pascal Crépey, épidémiologiste à l’ecole des hautes études en santé publique. Dans ce cas, cela permet même de réduire son risque d’être contaminé ou de contaminer : vous prenez moins de transports en commun, vous rencontrez moins de monde, votre absence au travail fait que les locaux sont moins remplis…
Evidemment, il y a un mais, ou plutôt un si : « Les déplacements de la Toussaint ne posent pas problème s’ils ne conduisent pas à des endroits clos, avec des personnes vulnérables dont on va mécaniquement augmenter le risque d’exposition au virus », reprend-il. « Selon l’attitude de chacun face aux mesures de prévention, cela peut se passer tout à fait correctement, ou beaucoup moins », résume Sophie Vaux, épidémiologiste à Santé publique France, qui rappelle que le virus continue sa diffusion préoccupante vers les plus âgés.
Pause avant l’hiver
Cette parenthèse, Pascal Crépey la voit aussi comme un moment salvateur où les gens vont « pouvoir souffler un peu, se reposer avant un hiver compliqué ». Où politiques et médecins leur demanderont — pour sûr — de renforcer encore leur vigilance.
Un exemple pas si mal réussi est celui de la première vague. Les départs d’ultra-urbains vers des zones moins peuplées avaient fait craindre une diffusion du virus sur tout le territoire et un engorgement des services hospitaliers dans les régions de repli. « On a vu que cela ne s’était pas produit, rappelle-t-il. Mais, encore une fois, cela dépend de son comportement. » Et contrairement à mars-avril, cette fois, le virus est partout.