Un dossier de plus en plus lourd
LA BARQUE JUDICIAIRE de Nicolas Sarkozy vient de s’alourdir d’une nouvelle charge embarrassante. L’ancien président de la République a été mis en examen lundi à l’issue de quatre jours d’interrogatoires dans le bureau des juges d’instruction chargés du dossier du présumé financement libyen de sa campagne de 2007. « Mon innocence est à nouveau bafouée », a réagi sur Facebook l’ex-chef de l’etat en contestant encore une fois tout financement illicite de sa campagne victorieuse.
Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy est déjà sous le coup d’une triple mise en examen pour « corruption passive », « recel de détournement de fonds publics » et « financement illégal de campagne », prononcée en mars 2018. Sur la base d’un faisceau d’indices troublants, il est soupçonné d’avoir bénéficié de la manne de l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi pour financer sa marche victorieuse vers l’elysée. Plusieurs de ses proches — son ancien directeur de campagne, Claude Guéant, et son ancien trésorier Eric Woerth — sont également mis en cause.
Une affaire à tiroirs
Cette fois, c’est un nouveau pan de cette affaire à tiroirs que les juges exploitent. Le 31 janvier, Thierry Gaubert, un ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre du Budget, a été mis en examen pour « association de malfaiteurs ». Il est soupçonné d’avoir touché en février 2006 sur un compte aux Bahamas un virement de 440 000 € de la société Rossfield appartenant à Ziad Takieddine. Or, comme l’avait détaillé Mediapart, les comptes de cette compagnie offshore étaient alimentés par de l’argent libyen. Aux yeux des juges, l’argent perçu par Thierry Gaubert aurait servi à abonder la campagne de l’ancien hôte de l’elysée, ce qu’il conteste. Depuis sa mise en examen, Thierry Gaubert n’a pas été réentendu par les magistrats instructeurs.
En fuite depuis sa condamnation à cinq ans de prison dans le volet financier de l’affaire Karachi en juin, Ziad Takieddine a réagi par la voix de son avocate Me Elise Arfi : « Aux yeux de mon client, la justice avance certes lentement mais dans la bonne direction. » En 2016, l’intermédiaire franco-libanais avait expliqué avoir versé 5 millions d’euros en liquide à Claude Guéant et Nicolas Sarkozy en 2006-2007.
Sur Facebook, l’ancien président de la République dénonce une injustice : « Les Français doivent savoir que je suis innocent de ce dont on m’accuse en apportant un crédit invraisemblable aux déclarations d’assassins, d’escrocs notoires et de faux témoins. Je sais que la vérité finira par triompher. » Cette nouvelle mise en examen intervient alors que, en novembre, il doit être jugé pour « corruption » dans l’affaire dite « des écoutes » aux côtés de son avocat Thierry Herzog et de l’ancien magistrat Gilbert Azibert. Et en mars 2021, il doit comparaître pour le financement présumé illégal d’une autre campagne, celle perdue de 2012, dans l’affaire Bygmalion.