Alors, jouer à huis clos, c’est comment?
Evoluer sans spectateurs ou presque a des répercussions
sur le jeu et ses acteurs.
« ON COMMUNIQUE plus facilement, c’est un des rares points positifs de la période actuelle. » L’avis, tranché, émane de Daniel Congré, 35 ans, expérimenté défenseur central qui évolue à Montpellier. « De ma ligne défensive, je m’adresse aux attaquants et ils m’entendent, alors que d’ordinaire, ça se cantonne aux joueurs autour de moi », explique le défenseur. Le coach n’est pas en reste. « Michel Der Zakarian a une voix qui porte en temps ordinaire, mais on entend mieux les consignes actuellement, c’est une évidence, ajoute-t-il. Mais peut-être communique-t-il davantage parce qu’il y a moins de bruit.»
Qu’en est-il des inévitables accrochages entre joueurs ? « De toute façon, lors d’un duel rapproché, on s’entend avec l’adversaire, même dans un environnement bruyant, précise Congré. Pour les joueurs qui chambrent, ils doivent faire plus attention, car tout vient plus facilement aux oreilles de l’arbitre… » Le coach brestois, Olivier Dall’oglio, estime ne pas tirer avantage de la situation : « Dans une configuration à 5 000, le bruit est assimilable à un stade plein, notamment à Francis-le Blé (NDLR : le stade de Brest). Les joueurs m’entendent mieux, mais seulement ceux du côté du banc. »
« L’avantage de recevoir est perdu »
Dall’oglio préférerait de loin récupérer des supporteurs : « L’avantage de recevoir est vraiment perdu. On a joué Marseille (défaite 3-2, 2e journée) sans notre kop. A un moment, on aurait eu besoin d’un petit remontant et ils n’étaient pas là pour nous le donner. » Autre conséquence du Covid, les cinq changements instaurés en mai, en vue de ménager les footballeurs. « Je souhaite que cette règle perdure, dit Dall’oglio. Davantage de joueurs se sentent concernés. Mais ça n’est pas si facile à utiliser pour le staff. »
Et les arbitres ? « Le calme ambiant favorise des rapports moins houleux », témoigne Congré. « On aime tous être au coeur d’une ambiance chaleureuse, confie l’arbitre international Ruddy Buquet. Mais sur le terrain, on a des décisions techniques à prendre, on reste focalisé sur des situations de jeu. Avec ou sans public. La communication entre entraîneurs et joueurs est un peu facilitée. »