Verra-t-on les gros films français ?
Les producteurs hésitent à maintenir la sortie de leurs longs-métrages ces prochaines semaines.
SORTIRA, sortira pas ? Hier, les responsables des sociétés de production et de distribution de cinéma ont multiplié les réunions pour décider s’ils reportaient les sorties de films prévues dans les prochaines semaines… Ou les maintenaient, tout en se privant, en Ile-de-france et dans les huit autres métropoles concernées par le couvrefeu, des deux séances du soir qui rassemblent d’ordinaire 40 % de la fréquentation.
Beaucoup de professionnels attendaient de voir ce qui sera décidé, sans doute aujourd’hui, pour « Adieu les cons », d’albert Dupontel, supposé sortir mercredi. Mais si Gaumont choisit de ne pas « risquer » ce long-métrage qui a coûté 10 millions, d’autres films pourraient être déprogrammés. Comme « Aline », de Valérie Lemercier, prévu le 11 novembre, au budget de 23,6 millions d’euros.
70 % du public en moins
« Si des poids lourds quittent l’affiche, il y aura moins de spectateurs en salles, les bandes-annonces seront moins vues… Sans compter la menace que des cinémas suppriment des séances, voire baissent le rideau », décrypte un distributeur. Hier, Studio Canal, qui avait annulé jeudi la promotion de « l’origine du monde », de Laurent Lafitte, prévu le 4 novembre, jurait que sa décision n’était pas prise. ARP maintient finalement à mercredi la sortie de « Peninsula ». Certains longs-métrages familiaux ou à budgets moyens seront, eux aussi, en salles, comme « Poly », de Nicolas Vanier, et « Petit Vampire », de Joann Sfar, ou « Sous les étoiles de Paris », avec Catherine Frot, le 28 octobre.
« Miss », de Rubem Alves, et « ADN », de Maïwenn, sont eux aussi maintenus au 28 octobre. Mais Jean Labadie, qui distribue « ADN », reconnaît que les chiffres de fréquentation de ce week-end et de mercredi pourraient changer la donne. Le cinéma s’adapte. Mais il risque gros à l’heure où les salles ont perdu 70 % de leur public depuis septembre.