Au coeur du procès des « Sept de Chicago »
Disponible sur Netflix, le film très prenant d’aaron Sorkin retrace le procès d’activistes
américains ayant manifesté contre la guerre du Viêt Nam en 1968.
DES JOUTES VERBALES à la barre, des échanges d’arguments en coulisses et un débat permanent : ce procès est-il politique ? Les accusés doivent-ils l’utiliser comme une tribune ou, au contraire, sauver leur peau ? Avec « les Sept de Chicago », l’américain Aaron Sorkin signe un film de procès passionnant, inspiré, parfois drôle et très politique. Pas étonnant de la part du génial créateur et scénariste de la série « A la Maison Blanche » (et aussi scénariste de « Des hommes d’honneur » et « The Social Network »), qui s’est entouré ici d’un joli casting : Sacha Baron Cohen, Michael Keaton, Eddie Redmayne ou Jeremy Strong.
Un film qui résonne avec l’actualité
Rythmé par un montage nerveux et quelques flash-back, le film est émaillé d’images d’archives car il raconte une histoire vraie : le procès de sept activistes poursuivis pour avoir manifesté en marge de la convention démocrate à Chicago en août 1968. Alors que cette manifestation contre la guerre du Viêt Nam était interdite, plusieurs milliers de personnes avaient marché vers le lieu de la convention. Arrêtés par la police, les manifestants avaient été matraqués. Des violences filmées et diffusées dans les journaux télévisés. A la suite de ces émeutes, un jury fédéral inculpa huit leaders de la manifestation pour « conspiration en vue d’inciter à la révolte ». Le procès commença le 20 mars 1969 et réunit les huit leaders : parmi eux, des anarchistes, des pacifistes ou encore Bobby Seale, dirigeant des Black Panthers. Au tribunal, ce dernier insulta tellement le juge qu’il fut ligoté et bâillonné, et jugé séparément de ceux qui seront donc appelés les « Sept de Chicago ».
Destiné à l’origine à une sortie en salles, le long-métrage a été revendu à Netflix à cause de la crise sanitaire. Ce grand film, où il est question d’abus de pouvoir, de violences policières et de racisme, résonne fortement avec l’actualité. Impossible d’ailleurs, lorsqu’un des accusés demande à un Bobby Seale bâillonné s’il « peut respirer », de ne pas penser à George Floyd, tué en mai dernier par un policier à Minneapolis.
« Les Sept de Chicago », film historique américain d’aaron Sorkin, avec Sacha Baron Cohen, Joseph Gordon-levitt,
Yahya Abdul-mateen II… 2 h 9.