AUTO HEROES

365 jours de bonheur

Celle que tout le monde appelle Daytona est une des légendes automobile­s qui concentre tout ce que l’Italie des années 70 a pu offrir au monde. Un style de vie magnifié par un propriétai­re heureux - mais comment ne pas l’être…

- Texte Nicolas Valeano - photos Frederik Dulay

FERRARI 365 GTB/B

L’automobile transalpin­e est plus qu’un mythe, c’est pour certains un art de vivre. Et l’autre côté des Alpes n’est pas seulement ici, dans l’Hexagone, mais aussi au nord de l’Émilie Romagne, au-delà de la Suisse et de l’Autriche, en Allemagne où se prélasse ce magni que exemplaire de Ferrari 365 GTB/B bronze clair devant l’objectif du photograph­e. Un petit air de dolce vita en terre souabe, voilà la preuve que tout est possible avec la bonne attitude... Sa carrosseri­e attire les regards des locaux, tant pour ses lignes que pour la perfection de sa peinture. Elle a demandé deux semaines de travail de préparatio­n à elle seule. Il s’agit d’un modèle de 1971, une version reconnaiss­able à sa face avant qui a abandonné la bande de plexiglas sur les projecteur­s d’origine pour un système basculant escamotabl­e, histoire de répondre aux normes de sécurité imposées par les législateu­rs états-uniens (les phares sous caches étaient interdits) tout en conservant sa ligne. Sonny Crockett a trouvé son bonheur pour foncer dans les rues de Miami avec une réplique cependant... La marque de Modène a pensé un temps réserver cette face avant au marché US pour la seconde partie de la vie du modèle avant de se raviser et de simpli er la production avec une version unique, celle que vous avez devant les yeux. Dans les ruelles, devant les échoppes, passant devant les terrasses, la ligne signée Fioravanti pour Pininfarin­a reste un classique éternel qui ravit les amateurs de tous les styles possibles. Comment ne pas craquer devant ces arrondis, ce long capot et ces jantes en étoile à cinq branches, ces chromes qui contrasten­t avec une couleur inattendue pour une Ferrari, absolument élégante ici. Le rouge serait un choix tellement facile... Le feulement du moteur V12 de 4,4 l placé en position longitudin­ale avant, gavé par six carburateu­rs à double corps Weber de 40 mm pour atteindre 352 chevaux complète parfaiteme­nt la perception des sens, ajoutant une bande-son adéquate. Pour l’équilibre de l’ensemble, les ingénieurs de Modène avaient décidé de placer la boîte de vitesses cinq rapports à l’arrière de l’auto, un système qui fera des merveilles sur piste à ses heures. Car même sans moteur central,

Voilà une couleur inattendue pour une Ferrari, absolument élégante ici. Le rouge serait un choix tellement facile…

son comporteme­nt routier est redoutable­ment efficace et ses performanc­es, de tout premier plan. Trois séries de cinq voitures destinées à la course seront construite­s par le service Assistenza Clienti de la marque, à Modène, en plus d’un exemplaire tout aluminium pour l’écurie américaine Luigi Chinetti. Extensions d’ailes, déflecteur­s aérodynami­ques, spoilers, suppressio­n des demi-pare-chocs, les modificati­ons esthétique­s étaient légères, du moins avant que les peintures de sponsors ne soient apposées. Elles brilleront dans leur catégorie aux 24 Heures du Mans, raflant les cinq premières places pour l’édition de 1972, un exploit répété par la suite. La version de série était déjà légère (1 200 kilos sur la balance seulement) et vraiment très performant­e pour l’époque, elle pouvait rouler à 280 km/h et même, en version course, atteindre les 300 km/h. Dans des mesures du magazine anglais Autocar cité par Ferrari, l’accélérati­on de 0 à 100 km/h était expédiée en 5,4 s, de 0 à 160 km/h en 12,6 s et le 400 m départ arrêté était négocié en 13,4 s. Remplaçant la 275 GTB4, la 365 GTB4 Berlinetta devait apporter une réponse solide face à la Lamborghin­i Miura qui piqua au vif Enzo Ferrari. Elle fut révélée la première fois au salon de Paris, lors de l’édition de 1968.

Son surnom “Daytona” n’est pas officiel, mais il aurait été donné par des journalist­es, peut-être en référence aux trois premières places de la marque aux 24 Heures de Daytona, l’année précédente. Le coupé italien jusqu’au bout des ongles est construit par Scaglietti, alliant au début acier et aluminium (pour les portes, le capot et le couvercle de coffre), puis il dut se convertir à l’acier pour les spécificat­ions américaine­s. Que ne ferait-on pas pour un marché aussi important pour une marque de luxe ! La version spider 365 GTS4 a été révélée au salon de Francfort de 1969, une année après, sur une base techniquem­ent quasi identique. Jusqu’à la fin de la production en 1973, 1 284 berlinetta­s et 122 spiders auront été sortis de l’antre de Maranello, avec des versions à conduite à gauche comme à droite. Attention, certains propriétai­res peu scrupuleux ont “transformé” leur coupé en spider et rares sont les vraies versions cabriolet d’origine. Les beaux exemplaire­s partent pour des sommes qui sont au niveau de la beauté et de la rareté de l’auto, star des concours d’élégance, comme ce fut le cas pour un splendide modèle de 1970 certifié par Ferrari Classiche, vendu par Artcurial à Rétromobil­e pour 798 640 euros. Le prix de l’élégance pure.

Même sans moteur central, son comporteme­nt routier est redoutable­ment efficace et ses performanc­es, de tout premier plan.

 ?? ?? Le prolongeme­nt en orange du bandeau des feux de la face avant sur les ailes reste une des caractéris­tiques de ce modèle.
Le prolongeme­nt en orange du bandeau des feux de la face avant sur les ailes reste une des caractéris­tiques de ce modèle.
 ?? ?? Les doubles feux ronds ponctuent une ligne arrière qui combine parfaiteme­nt élégance et sportivité.
Les doubles feux ronds ponctuent une ligne arrière qui combine parfaiteme­nt élégance et sportivité.
 ?? ?? Ton sur ton avec la carrosseri­e, les baquets de cuir fauve sont une invitation au voyage.
Ton sur ton avec la carrosseri­e, les baquets de cuir fauve sont une invitation au voyage.
 ?? ?? Sous ce long capot, 352 chevaux fougueux vous attendent…
Sous ce long capot, 352 chevaux fougueux vous attendent…
 ?? ?? Le cockpit est une ode aux voitures de sport d’aprèsguerr­e.
Le cockpit est une ode aux voitures de sport d’aprèsguerr­e.
 ?? ?? L’amour de la belle matière, entre chromes, cuirs et chromatiqu­es sensuelles.
L’amour de la belle matière, entre chromes, cuirs et chromatiqu­es sensuelles.
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