Porsche-rie
Ces bouts de Porsche déambulant comme si de rien n’était ne sont pas l’oeuvre d’un psychopathe de la découpe automobile mais la création vivante d’un collectif de créatifs. Second degré, esprit critique et ouverture d’esprit de rigueur !
C’est l’histoire d’une fake news... Voilà comment débute chaque épopée de The Never Never. Épopée parce que cette représentation artistique en mouvement va faire le tour de la planète, en faisant évoluer le concept à chaque étape, en accord avec les spécificités de la ville choisie. Pour mieux comprendre, rendons-nous à Athènes à l’origine du projet. Une Porsche 911, pardon, huit bouts de 911, peints en rouge afin d’être plus discrets, déambulent dans la nature. Les plus férus de mythologie percevront la référence aux Hybrides, ces créatures émergeant de la mer, de la mythologie antique. Les bouts de 911 vagabondent ensuite jusqu’à un studio photo. L’ensemble de la scénographie est suivi par une équipe de production publicitaire qui devient à son tour actrice de la performance. Derrière le show, la volonté de The Never Never est d’explorer les mythes contemporains, marques de luxe, stéréotypes nationaux et le capitalisme mondial, et leur façon de circuler dans la culture et les médias. Le choix de découper une Porsche n’est pas anodin, le Porsche Cayenne ayant été au coeur d’un débat sur la fraude fiscale dans le pays. L’idée est d’intégrer les canaux de communication, sorte de guerrier dissimulé dans le cheval de Troie, pour s’emparer des mythes du marketing. À l’origine du concept artistique, on trouve l’artiste britannique Jeremy Hutchison, la commissaire belge Evelyn Simons et la troupe Nova Melancholia. Leur corpus comprend un court métrage, une série photographique, des peintures, une performance d’acteurs et une sculpture. Cette petite troupe a conçu The Never Never comme un spectacle itinérant, chaque chapitre fonctionnant comme une réponse spécifique aux particularités culturelles de l’endroit. Par sa répétition, il reprend les rituels du marketing dans la logique d’une campagne de marque. Pour la première étape de son voyage, The Never Never a atterri à Hambourg, la capitale allemande de la publicité. Les fragments de Porsche sont présentés comme des artefacts archéologiques, des publicités tournent en boucle sur les panneaux d’affichage dans le but de dissoudre l’écart entre art et commerce, culture et merchandising. Pour le deuxième chapitre, l’oeuvre s’est déplacée au Luxembourg, l’un des plus petits pays d’Europe et le deuxième plus riche du monde par habitant. L’oeuvre y explore les distorsions d’échelle : d’immenses panneaux d’affichage sur la façade du casino ont généré de fausses attentes. L’oeuvre qui paraît être grandeur réelle est en réalité constituée d’éléments miniatures. Ces performances examinent comment la réalité peut être déformée et comment les mythes numériques influencent nos croyances. Tout au long de l’année 2023, The Never Never voyagera à travers l’Europe. Dans chaque ville, il explorera la production de mythes contemporains, la déformation de la réalité et les stéréotypes culturels...