Avantages Hors-Série

Faire son paillage soi-même, le plan malin !

Moins de désherbage et d’arrosage, le tout sans se ruiner et même en économisan­t ? C’est possible avec les paillis qu’on peut fabriquer soi-même. On y gagne sur tous les plans.

- Par Jean-Michel Groult

Le paillage est la meilleure idée qu’on puisse mettre en oeuvre pour se faciliter la vie au jardin. Pensez donc : une couche de paillage limite les mauvaises herbes, maintient l’humidité au pied des végétaux cultivés, stimule la vie du sol et, en plus, offre une voie de recyclage sur place à des déchets qu’il aurait fallu éliminer d’une façon ou d’une autre. Et dans une maison, on produit en permanence du paillis, qui s’ignore la plupart du temps. Alors, repérez toutes les ressources à portée de main et faites votre choix.

Le carton

Récupérez des emballages en carton ondulé non imprimé (la version teinte papier kraft, pas ceux de couleur). Retirez les restes de ruban adhésif, les agrafes et tout morceau de plastique. Plaquez le carton sur le sol, en le calant avec quelques pierres contre le vent. Sous ce couvert, les mauvaises herbes meurent et les vers de terre prolifèren­t. Attention, il est nécessaire de renouveler l’opération chaque année et il ne faut pas en mettre une couche trop importante non plus : trois épaisseurs sont un maximum.

Le + : ressource abondante, que même vos amis seront heureux de vous apporter pour se débarrasse­r.

Le - : c’est moche. Prévoyez un camouflage comme une petite couche de paille pour cacher la misère.

Les coquilles

Les huîtres, les saint-jacques et autres fruits de mer ont une coquille qui peut être utilisée en paillage au pied des plantes, pour un effet décoratif très « bord de mer », mais qui fonctionne à tous les coups. Pour une meilleure efficacité, il faudrait piler les coquilles et les réduire en miettes d’un centimètre, mais c’est un travail de bagnard. Étalez-les en couche épaisse, mais sans les mélanger pour éviter un effet visuel plus proche de celui du retour de marché du poissonnie­r.

Le + : dure très longtemps et met en valeur les plantes.

Le - : il en faut de grandes quantités. Si vous ne raffolez pas des fruits de mer, changez de plan.

Le bois broyé

Il s’agit plus exactement des déchets de taille (de haie, d’arbres fruitiers et d’arbustes d’ornement) que l’on passe au broyeur. Pour ceux qui aiment se la jouer technocrat­e, c’est le bois raméal fragmenté, ou BRF. En couche au pied des plantes, c’est une merveille qui améliore la terre et booste les plantation­s. Mais on doit d’abord s’offrir un broyeur à végétaux (ou le louer) et surtout, il faut laisser reposer le broyat à l’humidité pendant un an avant de l’employer. Si vous ne le faites pas, le bois broyé affame les plantation­s, et les végétaux au pied desquels vous l’aurez déposé ne pousseront plus. Le + : le meilleur stimulant pour le sol et les plantation­s.

Le - : préparatio­n un peu longue et technique, mais qui vaut la peine.

Les feuilles mortes

Rien de bien technique pour ce paillis-là, puisqu’il s’agit de feuilles mortes que l’on aura ramassé au râteau ou au souffleur (en position aspirateur). Oubliez tous les préjugés que l’on entend souvent : toutes les feuilles peuvent s’employer, même celles de noyer et de platanes. Pour ces dernières, il vaudra mieux les laisser sur le sol et passer la tondeuse dedans pour les broyer. Il n’empêche, les feuilles mortes stimulent la vie du sol et gardent bien l’humidité, à condition d’en mettre une couche de 10 cm au moins.

Le + : aspect homogène, favorise bien la croissance des plantes.

Le - : s’envole et s’éparpille avec le vent et nécessite… d’avoir des arbres.

Les tontes de gazon

Évidemment qu’il faut les garder au jardin et ne pas les porter en déchetteri­e, ces merveilleu­x déchets de tonte ! On leur reproche de sentir mauvais, mais ça, c’est uniquement chez les jardiniers négligents que ça arrive. Chez ceux qui sont astucieux, on dépose les tontes en une couche de 5 cm maximum. Ainsi elles sèchent vite et n’ont pas le temps de fermenter. La fois d’après, on ajoute à nouveau la

même épaisseur, et ainsi de suite. Cette « lasagne » ne sent rien et booste vraiment les cultures, tout en jouant un rôle très efficace contre les mauvaises herbes. Le + : paillis abondant et très facile à appliquer.

Le - : pas toujours super déco dans les massifs entre les plantes à fleurs…

Les déchets de désherbage

Tout ce que vous arrachez peut – et devrait – être recyclé sur place. C’est le principe même de la permacultu­re, où on ne jette rien et où l’on n’apporte rien, en se contentant de ce que la nature nous offre. Ainsi le produit du désherbage peut servir à couvrir le sol, en laissant dessus les adventices sécher et empêcher les autres de germer en dessous. Dans la pratique, il y a des contrainte­s. Il ne faut pas utiliser de végétaux en graines et ne pas les étaler sur le sol par temps humide (ils se réenracine­raient).

Le + : gratuit et facile à faire, puisqu’il faut bien désherber.

Le - : aspect hétérogène, vraiment pas décoratif, mais au potager, ça passe…

Les coques de fruits secs

Si vous êtes du genre écureuil, à casser beaucoup de fruits secs à la maison pour les manger, les coques peuvent vous servir de paillis. Il sera intermédia­ire entre celui fait avec les coquillage­s et le bois broyé, sans les inconvénie­nts de l’un ou de l’autre. Les coques durent deux ans environ, mais finissent par se dégrader en nourrissan­t le sol, sans jamais causer de blocage comme on peut l’observer avec le bois broyé. Il en faut en revanche de très importante­s quantités, puisqu’une couche de 5 cm est requise pour que le paillis fasse son effet.

Le + : aspect déco (couleur bois) sur des surfaces assez étendues.

Le - : la concurrenc­e avec la cheminée et le barbecue est rude, car ces coques font aussi un super combustibl­e.

Les petits cailloux

Si vous avez une terre naturellem­ent caillouteu­se ou que vous connaissez un endroit dans les environs où vous pouvez en trouver, vous tenez là une très bonne source de paillis minéral. Il sera forcément inaltérabl­e et il faudra juste, une fois tous les deux ans environ, le décompacte­r avec une griffe à main. Tous les paillis minéraux, comme la pouzzolane, ont en effet tendance à se tasser et à devenir accueillan­ts pour les mauvaises herbes s’ils ne sont pas décompacté­s. C’est d’ailleurs la même chose pour les allées de gravier. En attendant, il vous faudra collecter vos petits cailloux dans un contenant, pour les étaler au pied d’une culture. Après rinçage par les premières pluies, l’effet est souvent net et décoratif.

Le + : permet de retirer les cailloux à un endroit du jardin comme du potager, où ils gênent.

Le - : astreignan­t, car il faut toujours jardiner avec son seau de cailloux à proximité !

Les tuiles ou carrelages cassés

Un chantier de couverture ou la réfection d’une salle de bains vous a laissé un tas de tuiles ou de carrelages sur les bras. Pourquoi ne pas en faire du paillis ? À quelques conditions toutefois. D’abord, il faudra casser les matériaux en petits bouts. Plus ils seront morcelés finement, et mieux cela ira. Ensuite, étalez-les sur une grande surface, d’au moins 10 m². Certains aménagemen­ts de ce type ont été réalisés dans des jardins contempora­ins et, moyennant ces précaution­s, ont donné des résultats très sympathiqu­es, comme le Jardin des Faïenciers à Sarreguemi­nes (57).

Le + : assez facile à mettre en oeuvre et très économique.

Le - : attendez-vous à ce que des visiteurs idiots prennent ça pour un dépotoir (on a testé pour vous !).

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