Chez le créateur des roses anglaises.
Elles sont si connues et appréciées dans les jardins que les roses anglaises ont pris le nom de l’obtenteur David Austin qui les a créées. Elles ont en effet donné un coup de vieux aux variétés anciennes, combinant le meilleur de la tradition et de la nou
La caractéristique des nouvelles roses anglaises se résume en un clin d’oeil : un look rétro, une vigueur moderne. Les véritables variétés anciennes, si charmantes, ne fleurissent qu’une fois dans l’année. Elles sont peu robustes et craignent quelques maladies. Longtemps, il a fallu faire avec les roses modernes remontantes, au port très raide, qui obligeait à les camoufler derrière de hautes fleurs vivaces, pour ne pas avoir à souffrir la silhouette inesthétique de ces buissons. Les dernières créations de David Austin, quant à elles, assemblent le meilleur de toutes les variétés. Elles fleurissent du printemps jusqu’aux gelées. Parfumées, elles offrent cette grâce incomparable des roses anciennes, avec toutefois une palette de couleurs bien plus importante. Le port des rosiers Austin est souple, si bien que les fleurs semblent légèrement retomber après la pluie, comme c’était le cas des variétés anciennes. Bref, que du charme et pas d’ennuis, tel que l’exige le jardinier d’aujourd’hui.
Un long parcours
Tout n’a pas été simple pour ce roi des roses, dont l’épopée commence à partir des années 50. Les premiers croisements, s’ils donnent bien des rosiers aux formes un peu anciennes et remontantes, sont encore sensibles aux maladies et ont un port peu vigoureux. Mais l’enthousiasme du public pour ces premières variétés encouragera le rosiériste à persévérer et à en façonner d’autres. De cette opiniâtreté naîtra la rose ‘Graham Thomas’, qui connaîtra un succès immense et mérité. Cette variété est l’une des plus connues au monde avec ‘Pierre de Ronsard’ (qui est une création Meilland). ‘Graham Thomas’ a été élue « rose favorite mondiale » en 2009 par la World Federation of Rose Societies. Et c’est ainsi qu’est né le groupe des roses anglaises, alors que la tradition française, pour ne citer qu’elle, a longtemps persévéré à former des rosiers aux tiges raides, époustouflantes en bouquet mais peu aguichantes en pleine terre. Ce n’est que depuis une vingtaine d’années que les obtenteurs français se sont mis sur la voie de roses « à la sauce anglaise ».
Façon Miss France
Aujourd’hui, le cahier des charges des roses David Austin est draconien. Pour qu’une variété soit retenue, elle doit tout d’abord présenter un aspect impeccable : grande remontée de la floraison au cours de la saison, port compact et propre, parfaite résistance aux maladies, feuillage abondant et sain, parfum envoûtant. Mais offrir toutes ces caractéristiques ne suffit pas. Il faut aussi que la rose ait un charme, une allure, un je-ne-sais-quoi que les autres n’ont pas déjà. Pour y parvenir, la maison réalise des hybridations à la chaîne durant plusieurs semaines, dans un processus très contrôlé. Les graines récoltées sont semées et les plantules sont évaluées dès leur première fleur. Des 10 000 plants créés par hybridation chaque année, seuls trois iront jusqu’à la phase de commercialisation. Le concours Miss France, si l’on se base sur les statistiques, est bien moins sélectif ! L’épopée commencée il y a plusieurs décennies n’est pas près de s’arrêter. Car, si la silhouette de David Austin se croise un peu moins souvent dans les allées de la roseraie, son fils s’apprête à prendre la relève. Et son petit-fils est déjà présent dans l’aventure familiale. De quoi en prendre de la graine et satisfaire nos délicieux petits jardins par des créations faciles à vivre !
Des roses pour tous les jardins
Les roses anglaises ont vocation à décorer les massifs et pas seulement à offrir de quoi confectionner des bouquets. Elles partagent cette mission avec les rosiers arbustifs dits « paysages », qui restent bas et sont toujours couverts de fleurs. Mais les roses anglaises offrent le parfum en plus et ont un charme qui appelle la compagnie de vivaces. De plus, elles possèdent un point fort, et non des moindres : elles présentent une palette de couleurs où le jaune et l’orange tiennent une belle place. Ces teintes sont souvent boudées par les rosiéristes de l’Hexagone, car le consommateur français, paraît-il, ne les apprécie guère. C’est bien dommage ! À raison d’un rosier pour 2 m² de surface, accompagné de 4 à 6 pieds de vivaces comme les népétas, les hémérocalles, les sauges et les géraniums vivaces, vous obtiendrez une scène absolument inratable. Contrastes chauds en associant une rose jaune à des caryoptéris bleus, ou mariage doux entre des rosiers dans les tons de rose et des lavatères, il est de toute façon difficile de se tromper. Une seule règle à respecter toutefois : ne pas choisir des vivaces trop grandes, car les roses anglaises, à l’exception des variétés grimpantes, ne dépassent pas 1,50 m de haut, souvent moins. Ce sont des rosiers pour mixed-border, of course !