ENQUÊTE
Ces villes qui plantent partout
La planète brûle. Et pour la sauver, partout en France et dans le monde, municipalités et citoyens font leur part du colibri. Depuis 2011, et surtout depuis 2014, se multiplient les opérations de plantation d’arbres, de reboisement, de créations de potagers urbains et les constructions architecturales green. L’idée a bien germé et la jeune génération de citadins comme de néoruraux porte haut cette grande cause, climatique et poétique.
DES SAS DE CHLOROPHYLLE
D’ici 2050, 68 % de la population mondiale vivra dans les villes, où les opérations d’urbanisme artificialisent l’espace public depuis maintenant plusieurs décennies. Remettre le végétal au coeur du quotidien citadin est avant tout une question de qualité de vie.
Déjà, sous Napoléon III, l’ingénieur horticole Adolphe Alphand, à la demande du baron Haussmann, avait introduit la campagne à la ville, la forêt au centre de la cité.
Il a conçu les bois de Vincennes et de Boulogne, les parcs Montsouris, Monceau et les Buttes-Chaumont. Une oeuvre qu’on a envie de poursuivre aujourd’hui… L’arbre en ville, en rangées ou en bosquets, est le pilier de la revégétalisation : il apporte un caractère qualitatif au paysage urbain, accroît le confort thermique en rafraîchissant l’espace, améliore la qualité de l’air, limite l’érosion des sols et participe au maintien de la biodiversité.
À L’HORIZON 2030, DES FORÊTS URBAINES
Petites et grandes villes, conscientes de l’enjeu, lancent de nombreux programmes de revégétalisation et reforestation. 45 000 plants à Bordeaux, 300 000 à Lyon et Nantes, 100 000 à Toulouse, 150 000 à Angers,
20 000 supplémentaires à Paris tout en atteignant cette année l’objectif de 100 hectares de « jardins sur les murs ». Et, en vue des Jeux olympiques de 2024, le passage du Trocadéro à la tour Eiffel sera végétalisé.
Un arbre par naissance à Perpignan et Tours, en Occitanie un pour chacun des 230 000 lycéens…
La tendance est à la création de miniforêts. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur veut atteindre la neutralité carbone en 2050 avec 1 million d’arbres en 2 ans, la Bretagne veut planter 5 millions d’arbres…
En parallèle, les municipalités sollicitent des architectes visionnaires des villes vertes du futur, comme Vincent Callebaut, Stefano Boeri et Édouard François, pour concevoir des immeubles d’un nouveau genre : de forme organique, ils intègrent des murs et des toits végétaux, des balcons-jardins et même des potagers et des « forêts verticales ».
Les terrariums, ces micropaysages naturels pour intérieur, sont une tendance majeure depuis plus de 3 ans. Bulle de nature, autonome et made in France, à partir de 19,99 €, Botanic.
LES MAINS DANS LA TERRE
Les citoyens eux aussi font bouger les choses en mettant en oeuvre de nombreuses actions qui sont autant de gouttes d’eau formant un océan écosystémique : par exemple, à Fontaine-au-Pire (59), les 1 200 habitants ont planté en décembre 1 300 arbres. Les Rémois ont créé une page Facebook Reims veut des arbres et dirigent des opérations #Reimsplantedesarbres. Sortent de terre de plus en plus de fermes urbaines, des zones dédiées aux Incroyables Comestibles…
En intérieur, les tendances Urban Jungle, potagers hors-sol et terrariums continuent de prendre de l’ampleur chaque année. Comme on peut offrir une étoile, offrir un arbre en un clic sur Reforest’Action ou EcoTree devient même un cadeau symbolique de plus en plus prisé pour un mariage, un baptême ou toute autre occasion.
Tout le monde sème : de nombreuses associations organisent également des événements participatifs partout en France pour recréer des miniforêts sur tous types de sites : friches, terrains vagues, pelouses, parkings, toits… On peut par exemple adhérer ou faire un don à Mini Big Forest, Les planteurs volontaires, Coeur de forêt... Ou simplement semer des graines issues de sa consommation de fruits et légumes, en pots ou à la volée façon « bombes à graines ».
Enfin, on prend le temps de connaître et d’étudier la végétation de son environnement – certains nouveaux arbres sont étiquetés d’une plaque informative. « En ville, on ne plante par n’importe quelle espèce, n’importe où ni n’importe comment, informe ArboClimat. Les espèces et les essences doivent être diversifiées et adaptées au réchauffement climatique ainsi qu’à l’urbanisme. »
Ci-dessus. Les modules Bacsac en géotextile sont un produit-phare pour planter partout facilement ! En pots ou en murs végétaux, semez des graines, c’est bon pour le moral et pour la planète ! Gardena.
Les plantes nous font du bien
Leur simple vue permet à notre cerveau de débrancher de la frénésie des villes et de nos quotidiens, et nous aide de réduire le stress. Graminées qui ondulent dans le vent, fleurs aux couleurs douces (rose, vert pastel, jaune…), étendues vertes : la nature a un effet bienfaisant. Prendre le temps d’observer le processus de croissance des plantes du quartier a même un effet apaisant. Et grâce à ces nouvelles forêts urbaines, la sylvothérapie devient une pratique de relaxation et de guérison à la portée de tous ! Le principe, lors d’un bain de forêt, respirer profondément, décompresser et enlacer un arbre en ressentant sa puissance peut paraître étrange… pourtant, c’est totalement ressourçant.
LES JARDINERIES AUSSI JOUENT LE JEU:
Castorama a lancé l’opération Ramène ta graine dans 7 villes françaises. Truffaut, avec Plantons pour demain, s’est fixé l’objectif de 30 000 nouveaux arbres d’ici fin 2020 et 100 000 à fin 2024.