Bye bye la douleur
Les circuits de la douleur sont de mieux en mieux décryptés : une zone lésée ne fait mal que parce que le cerveau analyse le signal et envoie le message de douleur. A l’inverse, ces circuits peuvent être neutralisés. Comment ? D’abord en sécrétant des endorphines, qui agissent un peu comme une morphine naturelle. Ensuite, en modifiant certaines connexions entre les neurones dans la zone sollicitée par la douleur. Facile ? Non, bien sûr, mais les chercheurs en neuroplasticité ont prouvé que l’activité cérébrale pouvait être modifiée en fonction des informations à traiter. Ainsi, si on substitue une information par une autre, on réagit différemment. C’est l’objectif du biofeedback ou de l’hypnose, par exemple : en aidant un patient à se focaliser sur des visualisations, souvenirs, pensées positives, on détourne l’attention des aires cérébrales concernées par la douleur sur un autre sujet et on coupe le contact avec elle. Ainsi, au CHU de Tours, depuis janvier 2016, en salle d’opération, l’hypnose remplace l’anesthésie générale traditionnelle au moment de l’ouverture du crâne pour des patients qui doivent subir une chirurgie du cerveau en étant « éveillés ». Aux CHU de Nantes et de Tours, on utilise l’hypnose en complément de l’anesthésie locale dans les opérations de la thyroïde. Idem pour la chirurgie de la cataracte au CHU de Rouen. Le pouvoir des images mentales est tellement fort qu’on peut réellement faire baisser l’intensité de la douleur en imaginant une bougie dont la flamme diminue doucement. Ça ne marche pas forcément du premier coup. Mais après un peu d’entraînement, ce système de visualisation devient très efficace en cas de douleurs ponctuelles ou même chroniques (type lombalgie, fibromyalgie, neuropathies…). Comme le montre Norman Doidge dans son livre, qui relate des cas de douleurs chroniques intenses disparues en six semaines environ (en s’exerçant tous les jours à superposer une image mentale dès que la douleur se faisait sentir).