Pour devenir
Pour le psychologue Michael Stora, cofondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines, les explications du succès planétaire de Pokémon Go sont triples : « D’abord, les trentenaires et quadras renouaient avec l’imaginaire de leur enfance. Et de façon décomplexée, puisque tout le monde s’y est mis. Ensuite, comme ça se jouait en ligne avec d’autres joueurs, chacun avait envie de participer à cette grande fièvre collective. “En être”, autrement dit. Il y a un effet inclusif, on fait partie d’une communauté géante. Enfin, ce qui a plu, c’est cette confusion réel/virtuel. Ces créatures, en réalité augmentée, venaient enchanter un monde réel gris, répétitif. » C’est sans doute aussi pour « sortir du quotidien » que les usagers de transports en commun ont adopté en masse Candy Crush ou Clash Royale. Colorés, addictifs, ces deux jeux sur téléphone ont cartonné, en particulier chez les adultes. Le premier (qui générait encore 545 millions de chiffre d’affaires à son éditeur King en 2015) propose d’écraser des bonbons alignés dans une grille, à grand renfort de delicious ou de tasty, autant de compliments gourmands, « qui font du bien à l’ego, explique Michael Stora. Bien sûr, on s’offre un espace joyeux et on oublie la trivialité de ce qui nous entoure. Mais, surtout, Certains jeux ont la cote, puis la perdent (avant, sans doute, de se voir réhabiliter un jour…). Time’s Up ! On fait deviner en équipe des objets, des animaux, des personnages… Concept On doit trouver des objets, des titres… à l’aide d’icônes universelles qu’on assemble. Les Loups-Garous de Thiercelieux, un jeu d’ambiance où il faut deviner qui sont les loups-garous de l’équipe ! Le Monopoly, le jeu pour faire fortune est en passe de devenir has been, sauf à choisir la version Star Wars pour partir à la conquête des planètes (ça change de la Gare de Lyon). Le Mille Bornes : 10 millions d’exemplaires depuis 1954. On l’a trop vu ! Le Trivial Pursuit : dans les versions récentes, les parties durent des plombes… Ereintant.