Les mains dans la terre

J’invite mes voisins à mettre DAPHNÉ, 38 ANS, un jardin partagé en banlieue Le partage en héritage.

Je n’habite ici que depuis six ans mais, enfant, je jouais déjà dans le jardin « à l’anglaise » de cette copropriété bâtie sur les ruines d’un petit château, dont le parc arboré descendait jusqu’à la Seine. Quand je regarde ce banc noyé dans le lilas et les rosiers, je pense à mon grand-père qui a emménagé ici en 1954. Et aux espoirs de mes grands-parents en une société plus fraternelle après la Seconde Guerre mondiale. Avec d’autres familles, ils ont créé en 1949 L’Habitat Communautaire de Boulogne, une association, pour promouvoir l’habitat communautaire laïque. Ensemble, ils ont acheté une partie de ce terrain, construit cette résidence avec buanderie, crèche, espace de jeu communs… et, sur les gravats, ils ont dessiné et planté eux-mêmes ce jardin, qui reste le plus grand parc privé de Boulogne-Billancourt ! Jardin et potager communs. C’est, aujourd’hui, une copropriété classique, la crèche est devenue salle de réunion, il n’y a plus de ciné-club et la laverie est moins utilisée, mais les bénévoles de l’association, qui a survécu et que je préside – je ne fais rien toute seule ! –, continuent de gérer les espaces communs et d’animer la vie de la résidence. Ayant gardé de mon enfance en Grèce un attachement fort à la nature, je retrouve mes repères dans ce jardin qui reste pour moi un lieu d’apaisement dans les moments difficiles. Avec Thomas, un résident, j’ai repris le potager. Vient qui veut cultiver des fraises, haricots verts, courgettes, aubergines… Autour des arbres, on imagine des mini-parterres dont la floraison s’échelonne, avec des campanules, des heuchères… Compost, terreau et gestes écolos. On a encore du chemin à faire, mais de plus en plus de jeunes parents adhèrent Daphné cultive l’esprit communautaire à nos gestes verts. Alimenté par une vingtaine de familles motivées, notre nouveau composteur nous a même permis de produire notre propre terreau cette année ! Solal, mon fils de

4 ans, qui se charge d’y déposer nos épluchures, est d’ailleurs mon meilleur ambassadeur du tri et des éco-gestes au quotidien !