Sauvage Cornouailles
Paradis de la flibuste, avec sa côte découpée où venaient se fracasser les navires, la Cornouailles est devenue celui des randonneurs, qui arpentent les sentiers du littoral. Pour déjouer le flot touristique, choisir comme point de chute l’un de ses minuscules villages de pêcheurs nichés comme un secret au creux d’une anse. Portscatho, par exemple, avec son pub-hôtel et le Tatams Coffee, aménagé… dans d’anciennes toilettes publiques, où l’on s’accoude pour tutoyer la mer. Partout, l’eau joue de ses charmes. Il faut avoir contemplé par grand beau temps les scintillements de la rivière Fowey pour comprendre le coup de foudre de Daphné du Maurier pour la Cornouailles. Descendue un jour à l’hôtel Fowey, qui surplombe l’embouchure, l’auteur de Rebecca fit de la région le noeud de ses intrigues. Pour dénicher le cadre des Oiseaux, nouvelle qui fascina Hitchcock, grimpette jusqu’au promontoire de Gribbin, d’où l’on contemple à 360 ° le ciel et les prairies. En redescendant, on découvre la maison au bord de l’eau de la maléfique Rebecca, Manderley (Menabilly dans la réalité), qui reste inaccessible. La Cornouailles se révèle l’éden de jardins spectaculaires. Les plus surprenants sont peut-être les Lost Gardens de Heligan, avec leur pont de corde qui enjambe érables et fougères arborescentes. Pour une vision plus classique de nature apprivoisée, il y a Lanhydrock et ses parterres à la française, où les bégonias sont disposés avec tant d’élégance qu’on en oublie qu’ils ne sont que bégonias.