Avantages

Des vacances EN ALLER SIMPLE

IL SUFFIT PARFOIS D’UN COUP DE COEUR. POUR UNE RÉGION, UNE CULTURE, UN ART DE VIVRE OU… UN HOMME. MAYEULE, CHRISTELLE, MATHILDE ET MÉLANIE, SONT PARTIES EN VACANCES À L’ÉTRANGER ET NE SONT JAMAIS REVENUES.

- par MARIE LE MAROIS illustrati­ons JÉRÔME MIREAULT/COLAGENE.COM

J’ai eu le coup de foudre pour la Thaïlande

MAYEULE, 45 ANS

« J’en suis tombée amoureuse dès que j’y ai

posé le pied. J’avais rejoint pour l’été une amie installée avec son copain thaï dans la jungle, au-dessus d’une plage et à quelques dizaines de mètres d’une cascade. Nous avons vécu au rythme du soleil, de la nature. J’étais fascinée et conquise par l’art de vivre de cette région, son ambiance, sa culture solidaire, son sens de la fête… Quand je suis revenue à Paris, je savais que je voulais repartir pour y vivre plusieurs mois. Je me souviens avoir croisé à l’aéroport mes parents qui partaient en voyage et m’être jetée sur ma mère en lui disant :

“Je veux aller vivre là-bas !”, et elle de répondre : “Mais pourquoi ? C’est pas bien ici ?”. Je voulais repartir pour m’imprégner de la culture, rencontrer vraiment les Thaïs, parler leur langue, comprendre leurs traditions. J’ai acheté La mŽthode Assimil et répété avec mon baladeur pendant mes trajets en métro. Six mois plus tard, je ne renouvelai­s pas mon contrat à l’Agence nationale de recherche contre le Sida, un de mes cousins reprenait le bail de mon appartemen­t et j’entassais toutes mes affaires dans le garage de mes parents. J’ai atterri là-bas en juillet 2003 avec deux énormes valises et pour objectif une année sabbatique. Mais je ne suis jamais revenue. Au bout de deux mois, j’ai croisé Ot, un jeune Thaï rencontré lors de mon précédent séjour. Je me suis dit que la meilleure manière de vivre la vie thaïlandai­se était d’être en couple.

Je suis donc sortie avec lui… avant de tomber enceinte trois mois plus tard. Dans la foulée, nous nous sommes mariés et avons construit notre maison – aujourd’hui notre résidence principale. Le seul hic, c’est le boulot : pharmacien hospitalie­r dans la jungle, ça n’existe pas ! Alors, régulièrem­ent, nous partons travailler dans les DOM-TOM. Mais chez nous, c’est l’île de Koh Pha Ngan ! »

C’était vraiment le Pérou

CHRISTELLE, 37 ANS

« J’avais eu jusque-là un parcours sans embûches : Sciences Po, école de journalism­e, CDI dans un mag féminin. Et l’impression de m’être laissé entraîner par la logique des choses. Alors j’ai pris une année sabbatique pour faire un voyage au long cours. Les premiers mois sur les routes d’Amérique latine, j’étais grisée par la facilité, le bonheur de déambuler, l’impression de me redécouvri­r. Les gens croisés étaient incroyable­ment affectueux, patients, curieux. J’écrivais beaucoup. Je me laissais porter… Pérou, Équateur, Colombie. Puis j’ai décidé de faire face à la réalité et prendre un billet de retour. Entre-temps, j’étais tombée amoureuse d’un Péruvien qui me pressait de revenir. Je suis arrivée dans le gris de Paris avec le coeur et la tête en petits morceaux. Je suis retournée au magazine, que j’ai fini par quitter. Puis j’ai mis en ligne mon carnet de voyage sur

enamorate.fr, et suis repartie en 2010. Je me suis installée dans le centre du pays, dans un village entouré de plantation­s de café. Et nous avons démarré avec mon homme un projet de tourisme solidaire dans la plantation. J’aimais cette vie d’aventurièr­e, mais c’était éprouvant : peu d’intimité, peu d’échanges culturels, manque d’argent… Ma logique cartésienn­e et la logique péruvienne, pragmatiqu­e et spontanée, étaient sans cesse en conflit. Surtout, je n’étais pas heureuse dans mon couple. J’ai pris un nouveau virage en signant un contrat pour Viatao, une maison d’édition spécialisé­e dans les voyages durables, et je suis repartie sur les routes. Mon Natural Guide Pérou de 500 pages (réédité depuis sous le nom de Tao Pérou) m’a permis de me réconcilie­r avec ce pays si divers et de tourner la page.

Je vis désormais à Lima, une capitale internatio­nale à l’âme créole. Ce mode de vie m’est plus proche que les contrefort­s d’une plantation de café. On y croise des surfeurs mais aussi des vendeurs de rue, des rassemblem­ents sur les places et souvent de la musique. Cette énergie me nourrit. Je travaille comme indépendan­te, ce qui signifie ici beaucoup de jonglage. Je suis amoureuse et maman d’un petit Luka d’un an et demi. Mon compagnon est péruvien, photograph­e, jongleur de jobs lui aussi. Économique­ment, ce n’est pas tous les jours facile. Mais je ne sens plus cette chape de plomb qu’il y a parfois dans une vie française raisonnabl­e et tracée… Mon long chemin m’a aidée à grandir et à faire les grands sauts qui m’épouvantai­ent encore il y a quelques années, comme celui d’être maman. »

La Hongrie m’a enivrée

MATHILDE, 51 ANS « L’été 1993, j’ai décidé de partir voyager un mois sac au dos, en commençant par la Hongrie. A l’époque, je travaillai­s pour La Revue du Vin de France. J’ai profité de mes vacances pour réaliser un reportage sur Tokaj, région réputée pour son vin. J’y suis retournée en novembre pour voir les vendanges et boucler ainsi mon article. Elles étaient magnifique­s cette année-là, les raisins – Aszú – étaient confits et abondants. Je suis tombée amoureuse de ce liquoreux – parfait équilibre entre sucre et acidité – et de la région. Au point d’y revenir à plusieurs reprises pour écrire le premier livre en français sur les vins de Tokaj et acheter une maison à Olaszliszk­a avec Samuel, mon mari, d’origine bordelaise, que j’avais rencontré lors de mon fameux reportage. Notre amour a été très progressif, comme notre installati­on en Hongrie et mon apprentiss­age de la langue. Notre seul coup de tête, c’est lorsque nous avons décidé de produire notre vin. C’était en 2000. On a acheté des fûts, des cuves, et mon mari a lancé sa première production. Je l’aide pour la vente, m’occupe du site internet, reçois les gens pour des dégustatio­ns et envisage des accords mets et vins. Mais mon activité principale reste l’écriture. J’ai publié huit livres. Tous sur le vin. Mon prochain ? Notre histoire, reflet d’une époque où deux mondes se découvrent, le capitalism­e et le communisme. Ce livre est aussi destiné aux gens d’ici qui ont du mal à comprendre comment on a pu quitter ‘’les étoiles des Champs-Élysées pour cette région pauvre’’. Je leur réponds qu’il y a aussi ici des étoiles : le vin, mais également la nature, les rivières, les chevaux racés dont je suis fan. J’envisage d’organiser des balades dans les vignes pour les cavaliers expériment­és. Je pense baptiser mon livre D’amour et d’Aszú. Mon intégratio­n est plus que profonde : l’extrême sensibilit­é des Hongrois a déteint sur moi. Je suis facilement émue, à fleur de peau. J’aime ce pays qui vibre, dont le vin même est un vin d’émotion. » samueltino­n.com

Au Cambodge, je suis tombée amoureuse d’un Espagnol

MÉLANIE, 33 ANS « Au bout de sept ans d’une vie de dingue à travailler pour la marque Lacoste, j’ai décidé de faire un break. Des signes m’alertaient : aux déconvenue­s perso et pro s’ajoutait une tumeur à la thyroïde (qui s’est avérée bénigne). J’ai lâché boulot et appart à Paris avec l’idée de barouder quatre mois en Asie, puis de suivre une formation de prof à Marseille. Sauf que je ne suis jamais rentrée. Je suis tombée amoureuse d’un Espagnol sur une petite île au Cambodge. Après trois mois et demi de voyage dans plusieurs pays, je me suis arrêtée dans son resto, trop contente de troquer riz/bière contre tapas/sangria. Il m’a proposé de rester bosser en échange du logis et du couvert. Au bout de trois semaines, notre amour est devenu une évidence. J’ai alors fait un aller-retour en France, le temps de passer mon permis et de régler quelques dossiers administra­tifs. Pendant un an et demi, j’ai bien profité de l’île : je planchais sur la formation de prof via le CNED, je donnais des coups de main au resto et je prenais quelques cours pour apprendre les bases du khmer. Puis nous avons déménagé à Siem Reap, la ville des temples d’Angkor. Mon amoureux a ouvert Ashia Hotel and Lounge. Et moi, je suis devenue prof d’anglais et d’espagnol à mi-temps à l’école française.

Je me sens vraiment bien. J’aime chez les Cambodgien­s leur sourire incessant, leur gentilless­e et leur spontanéit­é. Ici, contrairem­ent à la France, on prend son temps, on vit l’instant présent et plein d’aventures. En ce moment, je commence un business avec une amie : Siem Reap à la carte. L’idée est d’organiser des tours sur mesure pour montrer la face cachée de cette magnifique région : cours de cuisine en pleine campagne, balade en char à boeuf, atelier où tu fabriques ton propre encens, balade en vélo au milieu de champs de lotus… Je pensais suivre une voie toute tracée et la vie a choisi pour moi. »

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