Mes échecs m’ont donné des ailes
Trébucher pour mieux rebondir
En France, la peur d’échouer est ancrée en nous très tôt : dans beaucoup d’écoles, on ne doit lever le doigt pour répondre que quand on sait. Comme si on n’avait pas le droit d’explorer les possibles, de tenter, d’approcher… « Quel dommage : il faudrait apprendre à penser ses échecs comme des ressources, déplore la psychologue Isabelle Filliozat. Même si les revers peuvent être durs à traverser, ils devraient nous servir à trouver notre voie, à affiner nos projets, à découvrir de nouvelles facettes de notre personnalité, etc. On devrait pouvoir en tirer une information. Et se souvenir que les enfants tombent de nombreuses fois avant de réussir à marcher… » Se relever plus forte et plus déterminée que jamais, c’est ce qu’a vécu Pauline Laigneau, créatrice de la joaillerie en ligne Gemmyo. « Ma plus grande claque ? Rater le concours de l’ENA !, raconte-t-elle. Mais cet échec m’a fait réaliser ce que je voulais vraiment : tenter l’aventure de créer mon entreprise. » Non seulement l’erreur est humaine – c’est même ce qui nous différencie des animaux, déterminés par leur instinct –, mais elle nous rend aussi plus combatif ou disponible pour d’autres voies. LAURIE, 30 ANS, ingénieur d’études dans la recherche « Je rêvais depuis toute petite d’être chirurgien. Après
2 échecs en fac de médecine, grosse déprime… moi qui avais toujours excellé à l’école sans trop travailler. Par dépit, j’ai passé le concours d’infirmière. Malgré mon 18 à l’écrit, le jury m’a éliminée à l’oral. Ma mère m’a alors poussée à m’inscrire en bio. J’ai suivi les cours sans enthousiasme jusqu’à mon stage dans un labo de recherche expérimentale. La révélation ! Je n’aurais peut-être pas pu exprimer autant ma créativité et mon grain de folie en médecine ! Je me suis tellement éclatée que j’ai bossé bénévolement sur un projet de recherche en transplantation rénale en parallèle à mes études. Avec ce labo, Je pensais avoir trouvé le moyen de financer ma thèse de doctorat mais, 3e claque : le directeur me laisse tomber à cause d’un différent avec ma binôme de recherche. Je pensais mériter mieux et j’ai contacté au culot le responsable du projet de greffes rénales, un professeur de chirurgie plastique de renommée mondiale. Il m’a embauchée en CDD pour faire de la recherche à l’hôpital : un gros défi relevé tout en bossant ma thèse… obtenue avec les félicitations du jury. A chaque fois que j’ai raté quelque chose, au lieu de baisser les bras, j’ai toujours su rebondir. Comme si mes échecs m’avaient donné des ailes. »