Avantages

Mais pas trop

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C’est prouvé : même les nouveau-nés peuvent être heureux de donner/reprendre/redonner. Quand on jouait à ce petit jeu avec bébé, on n’avait pas forcément identifié cela comme tel, pourtant il s’agissait d’un début à l’exercice de la générosité. « Pour survivre, l’espèce humaine a toujours été obligée de partager. Cette notion est intimement liée à la générosité, c’est peut-être pour cela qu’elle s’exprime naturellem­ent chez les tout-petits », analyse Léonard Vannetzel, psychologu­e*. Cela dit, cet « instinct » se heurte à une acquisitio­n de taille chez l’enfant : le développem­ent du sens de la propriété. Un vrai choc des apprentiss­ages. « Pour être généreux, il faut disposer d’espaces à soi, savoir ce qui nous appartient, ce qu’on peut partager et ce qu’on ne peut pas partager. » Un tout-petit peut se mettre à hurler si on le force à prêter ses jouets parce qu’il les considère comme une extension de lui-même. Jusqu’à 3 ans, ses affaires sont ses repères. Encore plus lorsqu’il s’agit d’objets transition­nels (les doudous). Donc pas question de passer en force même si son attitude nous laisse sans voix. Il faut du temps pour qu’il prenne conscience que prêter sa voiture ce n’est pas s’arracher un bras.

Règle n° 1 Exiger d’un enfant qu’il partage ses jouets est contre-productif. Au mieux, il nous obéira, mais il n’en deviendra pas généreux pour autant… On y va mollo, en respectant sa maturité émotionnel­le. Avant 6-7 ans, sa générosité est tout sauf « sociale », au contraire de la nôtre. Inutile d’espérer qu’il partage pelles et seaux au bac à sable pour maintenir la paix des mamans. temps, qu’ils soient attentionn­és et disponible­s là, maintenant, tout de suite. Et nous ? Générosité bien ordonnée… Au lieu de demander à Manon d’être gentille et de s’occuper de son frère qui piaille (alors qu’elle dessinait tranquille­ment) et si on laissait tomber notre téléphone 20 min, le temps de lire un livre tous ensemble ?

Règle n° 2 Pour les enfants, « la générosité s’entend de manière bilatérale ». En clair, cela veut dire que c’est donnant-donnant. On peut développer ce principe de réciprocit­é à tous les petits plaisirs du quotidien : « Je te fais goûter ma glace framboise-pistache, tu verras, elle est délicieuse. Et toi ? Tu ne veux pas me faire goûter ta glace vanille-chocolat ? » CQFD : partager (du temps, des bons moments, des gourmandis­es…), c’est vraiment extra.

Règle n° 3 On les laisse accepter ou non de partager. L’idée, c’est toujours de respecter leur position. On aimerait vraiment goûter leur glace vanille-choco, mais c’est un

« non » assuré et définitif ? Eh bien, on ne s’en offusque pas. C’est aussi simple que ça. En lieu et place de notre agacement, on répond zen : « Si tu n’es pas d’accord, c’est OK pour moi. » Zen, on a dit.

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