L’humanitaire, je veux y travailler tant qu’on aura besoin de moi.

Maman et grand-mère, cette Marseillaise d’adoption a troqué sa casquette de directrice commerciale pour se consacrer à fond à l’association 1 2 3 Action, qui creuse des puits là où l’eau fait défaut. JULIETTE, 53 ans TROUVER DES DONS.

LE DÉCLIC. J’allais voir ma mère en Bretagne. Dans le TGV, j’ai fait une rencontre qui a tout déclenché ! Cette femme, Laurence, je ne la connaissais pas, et pourtant, en papotant, on s’est trouvé des milliards de points communs : on venait du même village, son fils avait été le professeur de surf de ma fille, on sortait chacune d’un divorce… On s’est senties comme deux amies de toujours ! J’ai bu son histoire : l’association* fondée par sa mère en 2016 pour creuser des puits en Afrique et en Thaïlande, son engagement à ses côtés. Grâce à elles, des dizaines de milliers de familles démunies pouvaient enfin avoir accès à l’eau ! Ça m’a bouleversée, je voulais les aider moi aussi. Quelques jours après, je croise dans une expo de peinture un super physicien, géologue, inventeur d’une technique pour détecter les nappes d’eau souterraines. Alain Gachet en (ˆ gauche sur la photo) personne ! Je lui parle de l’asso que je n’avais pas encore intégrée. Il flashe tout de suite, veut « nous » aider. J’étais décidée à foncer moi aussi. PREMIÈRE MISSION. Deux mois après, je partais au Zimbabwe. J’avais quitté mon boulot l’année d’avant, ma dernière fille était partie vivre avec son père. Je me suis retrouvée en pleine brousse, ballottée sur des pistes poussiéreuses, au milieu d’espaces infinis où nous cherchions les villages les plus arides, les communautés en situation d’extrême urgence pour repérer des sources. Je n’étais jamais allée en Afrique. Je m’y suis sentie tout de suite à ma place. Sublime, tragique, tout se mélange. Je revois cette petite fille, Mélodie, en train de boire un fond d’eau jaunâtre dans sa gamelle. Dans un mois, le puits qui sera foré chez elle portera son nom.

En attendant ma prochaine mission en Thaïlande, à la frontière birmane, je ne reste pas les bras croisés. Mes 23 ans d’expérience comme commerciale me sont très utiles. Ma mission consiste à chercher des aides, des financements. Je mets tout mon réseau à contribution. Je marche au culot. Passer cinquante appels par jour, rencontrer les bonnes personnes, les convaincre, faire le pied de grue devant le siège d’une multinationale pour obtenir un soutien logistique… rien ne me gêne ! INCROYABLE MAIS VRAI. Pour l’instant, je suis bénévole. Je puise dans mes économies pour servir la cause. Cette association est tellement incroyable qu’André Dussolier a décidé de la parrainer. Je pensais que cette aventure serait une parenthèse pour moi. Elle est en train de déboucher sur un des plus beaux moments de ma vie. C’est une révélation. Je veux y travailler tant qu’on aura besoin de moi. * 123-action.org