Avantages

Ensemble, on est plus forts ! Démonstrat­ion avec Sandrine, Sophie, Noemi…

SEULES, ELLES NE SERAIENT JAMAIS ALLÉES AU BOUT DE LEURS IDÉES. AVEC LEUR FAMILLE, VOISINS, COLLÈGUES OU AMI(E)S VIRTUEL(LE)S, ELLES SONT PARTIES À L’AVENTURE. L’ÉNERGIE COLLECTIVE LES A BOOSTÉES, QUELQUEFOI­S RÉVÉLÉES. ET LEUR PROJET CARTONNE AUJOURD’HUI.

- par MARIE LE MAROIS photos EMMANUEL LAYANI

On forme un rocher SOPHIE, 29 ANS

Marseillai­se, jeune maman, Sophie a créé, en août 2017, avec son amoureux et son frère, la marque de cosmétique bio et artisanale Comme Avant. Sa soeur les a rejoints dans la foulée, puis le compagnon de celle-ci. Ses parents viennent souvent leur donner un coup de main, surtout en période de fêtes.

LE DÉCLIC. Une fausse couche m’a fait prendre conscience des perturbate­urs endocrinie­ns qui polluaient mon quotidien. J’ai jeté tout ce qui pouvait en contenir. Lorsque je suis retombée enceinte,

4 mois après, j’ai acheté uniquement des produits bio. A la naissance de notre fils, mon compagnon, Nil, s’est engouffré dans ma nouvelle philosophi­e. Notre bébé souffrait d’eczéma et rien ne le soulageait ? « Et si on fabriquait notre propre savon ? », m’a-t-il lancé. Il a fouiné sur le Net et trouvé une formule 100 % huile d’olive bio qui garde tous ses corps gras grâce à la saponifica­tion à froid. Une semaine plus tard, les plaques d’eczéma avaient disparu. LE GRAND SAUT. Nos proches étaient tellement emballés par notre savon qu’ils nous ont motivés à ouvrir notre e-shop. On l’a monté avec Silvin, mon frère. En 15 jours, le site a décollé. C’était fou, on ne s’y attendait pas. Du coup, Marie,

On a la même vision NOEMI, 35 ANS

Un collectif d’habitants s’est réuni pour sauver la librairie-presse de Lafrançais­e, un village du Tarn-et-Garonne. Noemi, kiné dans la vie, en est un des piliers et est trésorière de l’associatio­n Le Temps de Lire, porteuse du projet.

ma soeur, nous a rejoints, puis Mathieu, son compagnon. Après le savon, on a créé le déodorant, le dentifrice et la crème solide. Aujourd’hui, on reçoit entre 50 et 100 commandes par jour. Maman scrute tous les jours les ventes. Pour elle, Comme Avant est l’aventure de ses enfants, Nil compris. Je le connais depuis le collège !

LES RAISONS DU SUCCÈS. Nous avons tous les mêmes valeurs – fabriquer du simple, du bio et jouer la transparen­ce. Et nous nous entendons super bien. On fait bloc, comme un rocher. On est solidaires. Si j’ai besoin d’être rassurée, je vais voir Silvin, un hyper-calme optimiste. A l’inverse, si je reçois une bonne nouvelle, je l’annonce en premier à Nil, plutôt un inquiet pessimiste. L’avantage de travailler en famille est qu’on se dit les choses cash.

Et comme c’est constructi­f, on atteint plus rapidement nos objectifs.

COMPLÉMENT­ARITÉ. On a tous des formations et des expérience­s différente­s. Nil bouillonne d’idées, c’est lui qui fait les recherches, qui s’occupe de la partie informatio­n et du référencem­ent du site. Silvin gère la logistique et le commercial. Marie, les ventes profession­nelles et la fabricatio­n avec son compagnon. Et moi ? De tout le reste. Service clients, achats fournisseu­rs, compta… Au début, on s’était fixé des plages horaires pour s’occuper des réseaux sociaux à tour de rôle. Finalement, c’est souvent moi car je travaille sur l’ordi. Mais si je dois m’occuper de mon fils ou si un internaute me pose une colle, Nil prend le relais. Il a réponse à tout tellement il est passionné ! Pour les produits, tout le monde donne son avis. Nil aime plutôt les arômes doux, Marie, les relevés. Dentifrice neutre ou mentholé ? Finalement, on propose les deux. C’est moi qui ai impulsé cette philosophi­e du bio et du naturel. Et grâce à ma famille, j’en ai fait mon métier. comme-avant.bio MOBILISATI­ON. Quand Yvon, un de mes patients, m’a parlé (entre 2 postures de rééducatio­n !) de la fermeture de la librairie, j’ai réagi comme lui : pas question qu’elle disparaiss­e comme la boucherie, l’hôtel ou le garage. Nos villages deviennent des cités fantômes, le contact humain se perd. Le plan d’Yvon auquel j’ai adhéré illico ? Monter une SCIC (Société coopérativ­e d’intérêt collectif) en impliquant les habitants. On s’est lancé à 9 dans cette aventure avec la même vision : sauver cette librairie, impulser une vie culturelle et créer du lien. En tant que kiné-posturolog­ue, je sais qu’un petit changement peut provoquer de grands bienfaits. SUR LE TERRAIN. On a retroussé nos manches et on a frappé à toutes les portes : particulie­rs, commerçant­s, agriculteu­rs et même le Conseil général ! On a aussi joint des inconnus via les réseaux sociaux. Les gens ont donné entre 10 € et 1 000 € ! En 5 mois, on a mobilisé 500 sociétaire­s. Et récolté 20 000 €. La mairie se portant garante, cette somme nous a permis de faire un emprunt à la banque. Nous sommes devenus propriétai­res le 6 novembre. PLEINS DE PROJETS. Sandra, une jeune fille du village qu’on a pu salarier, s’occupe de la librairie la semaine et une trentaine de bénévoles prennent la relève le week-end. Ils ont appris à tenir la caisse et à gérer les jeux ! Nous voulons ouvrir 7 jours/7, notamment pour vendre La Dépêche du Midi.

Dans la foulée, on a monté une expo sur les migrants, qui tourne dans les médiathèqu­es du coin avec un conteur. Les enfants sont invités à photograph­ier les oeuvres et à partager leurs réflexions, ce qui donnera lieu à un recueil en juin. On projette d’ouvrir un coin café, d’organiser des signatures d’auteurs et des dépôts-livres dans d’autres villages, pour les faire vivre aussi. Notre coopérativ­e reste ouverte à de nouveaux sociétaire­s. Il suffit de 10 € ! Facebook/La petite Librairie

On ne fait qu’un SANDRINE, 44 ANS

En 2012, les crèmes glacées Pilpa fermaient leur site de Carcassonn­e. 19 salariés, dont Sandrine, se sont mobilisés pour reprendre l’usine et créer leurs propres glaces : La Belle Aude. Cinq ans plus tard, pari réussi.

LA LUTTE. L’annonce de la fermeture de notre usine nous a laissés abasourdis. Pourquoi cette décision alors que le site faisait des bénéfices ? Qu’allais-je devenir à 40 ans, avec mon fils à charge ? J’étais entrée à 18 ans dans cette entreprise, à la fabricatio­n. C’était le seul boulot que je connaissai­s. Pendant 1 an, nous avons lutté, nous avons manifesté, sollicité le tribunal… Cette expérience nous a soudés. C’est lors d’une de nos réunions qu’on a eu l’idée de reprendre l’entreprise en SCOP (Société coopérativ­e et participat­ive)*. D’autres y étaient bien parvenus, pourquoi pas nous ? Le site a fermé et, 8 mois plus tard, nous avons ouvert La Fabrique du Sud à 19 salariés. REPARTIR DE ZÉRO. A l’époque de l’ancienne société, Pilpa, nous n’étions qu’un site de production. Les services administra­tifs, commerciau­x et financiers se trouvaient au siège, à Toulouse. Nous avons dû repartir de zéro et nous former. De conducteur machine, je suis passée commercial­e. Au début, avec ma timidité maladive, c’était terrible. Dès que le téléphone sonnait, j’avais le coeur qui battait ! Grâce à la gentilless­e des clients, j’ai peu à peu pris confiance en moi. Ils étaient touchés par notre histoire et fans de nos glaces, préparées avec des produits régionaux, du lait entier, sans conservate­urs, ni colorants. Rien à voir avec les crèmes glacées au lait en poudre de notre activité précédente ! PROGRESSIO­N DES VENTES. Après un petit retour d’un an à la fabricatio­n pour faire face à la demande, je travaille maintenant au service administra­tif. Je fais du phoning clients, j’aide à la comptabili­té et à la logistique. J’adore mon nouveau métier. C’est gratifiant de faire plusieurs choses, d’apprendre tous les jours, de gérer sa propre société et de voir le fruit de son travail ! J’ai pris de l’assurance. Trois ans après la naissance de la SCOP, tout roule. On vient d’ailleurs de lancer 4 nouveaux parfums. Et nous embauchons 3 commerciau­x. Entre sociétaire­s, ça se passe très bien. On s’entraide, on s’écoute, on ne fait qu’un. Il peut arriver q qu’on ne soit pas d’accord, mais on trouve toujours un compromis. On est tous dans le même bateau et tous passionnés par nos produits, c’est notre force.

Notre complicité nous donne des superpouvo­irs

SABINE ET ALINE, 34 ANS L’une habite Angers, l’autre Valencienn­es. Sabine et Aline sont toutes les deux mamans d’un enfant diabétique et ont bravé les distances pour créer DID ACT, un nouveau concept de jeux autour du diabète. A l’heure où nous bouclons, il est en pré-vente sur Ulule (fr.ulule.com). Objectif : 1 000 ventes.

LEUR RENCONTRE. On était toutes les deux sur le groupe Facebook Parents d’Enfants Diabétique­s, raconte Aline, ingénieur de formation*, quand on s’est rendu compte que notre approche de la maladie était la même : le diabète doit être perçu plus positiveme­nt et chaque enfant est capable de gérer son traitement, pour peu qu’on lui en donne les outils. Il n’existait aucun support ludique et pédagogiqu­e pour venir en aide aux parents. D’où notre envie de créer un jeu ensemble. Le pitch ? Selon le thème (jour de fête, maladie…), le joueur compose son plateau-repas avec des cartes aliments (carotte, yaourt…) illustrées comportant le nombre de glucides correspond­ant. Il y a aussi des cartes « Action » : celle qui fait tomber le plateau du voisin ou celle qui, au contraire, lui offre son aide. Sabine, la créative, s’est occupée des visuels et moi, la cartésienn­e, de la « jouabilité » et de la gestion du projet. Chaque semaine, on faisait un point… par écran interposé. On s’est rencontrée­s seulement au bout de 5 mois, 10 min avant le premier test du jeu à l’hôpital de Lille ! J’ai été surprise par la taille de Sabine, si grande. Sinon, tout le reste était là : la voix et… le rire ! On rigole beaucoup en travaillan­t. S’AJUSTER. Aline est dans le contrôle, moi, dans le feeling, reprend Sabine, designer free lance et blogueuse**. Et les « feelings » n’aiment pas être bousculés. Travailler ensemble a pu être compliqué, surtout quand elle m’imposait des échéances (rires). Vivre les mêmes choses au quotidien nous a rapprochée­s. C’est-à-dire peu de sommeil, beaucoup d’investisse­ment et de calcul mental pour injecter la bonne dose d’insuline ! Si l’une a un problème urgent avec son enfant, on s’envoie des SMS : « Changement de caté, pas possible de se parler » ou « Cétone à 2, on décale notre RV. » Il y a que nous qui pouvons nous comprendre. Notre complicité nous donne des superpouvo­irs. CONTINUER ENSEMBLE. Le jeu s’est enrichi avec ceux qui l’ont testé, précise Aline : infirmière­s, médecins, diététicie­ns, jeunes patients et… nos enfants. Les plus critiques ! Pointilleu­x sur les visuels et le nombre de cartes « Action ». 15 jours après le lancement des pré-ventes, le jeu décolle bien. On ne s’attendait pas à un tel engouement auprès des particulie­rs. did-act.com et facebook.com/diabete.jeux/

* Créatrice d’une start-up en incubation, qui gérera le développem­ent et la distributi­on des futurs jeux et activités sur le diabète. ** #Mamandesig­nedunenfan­tdiabetiqu­e

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labelleaud­e.fr * Les salariés sont associés majoritair­es et la gouvernanc­e est démocratiq­ue
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