On les savait sages, longévité oblige, mais solidaires, stratèges et connectés… on est scotchées
EN CE MOMENT, ILS N’ARRÊTENT PAS DE NOUS SURPRENDRE ET DE FAIRE PARLER D’EUX. POURRAIENT-ILS NOUS SERVIR DE MODÈLES POUR UNE VIE PLUS HARMONIEUSE ? par ISABELLE SOING et MARIE FRANÇOIS
Big buzz ! En tapant le mot « arbres » dans les Actualités Google, pas moins de 345 000 occurrences défilent sous nos yeux : du pommier planté par le premier ministre dans le jardin de Matignon, au concours de « l’arbre de l’année » (arbredelannee.com) en passant par la déferlante d’ouvrages parus ces derniers mois : Les 12 sagesses des arbres Les arbres amoureux ou comment se reproduire sans bouger Un an dans la vie d’une forêt ou encore
La majestueuse histoire du nom des arbres Tout nous invite à nous re-brancher.
Un ami qui nous veut du bien
Rien de tel qu’une belle et longue balade en forêt pour se requinquer. Les Japonais en sont depuis longtemps convaincus, 68 parcs nationaux sont dédiés aux « bains de forêt » (Shinrin-Yoku) dont les bienfaits sur la santé ont été prouvés par de nombreuses études : les molécules rejetées par les arbres boostent notre système immunitaire, diminuent le taux de glucose dans le sang chez les diabétiques, la pression artérielle et le taux de cortisol responsable du stress, améliorent la concentration chez les enfants hyperactifs et ont un effet antidépresseur.
De quoi nous donner envie de câliner nos arbres. Et de les défendre, à l’heure où l’Organisation des Nations unies s’alarme de la disparition de plus de 13 millions d’hectares de forêts chaque année et où l’Union européenne tente de freiner les atteintes à la dernière forêt primaire d’Europe (en Pologne). Car les arbres sont également nos meilleurs alliés contre le réchauffement climatique : préserver et (re)planter les forêts permettrait d’éliminer 7 milliards de tonnes de dioxyde de carbone/an d’ici 2030*, l’équivalent de ce que recrachent 1,5 milliard de voitures sur la route.
Mieux compris, mieux protégé
Et c’est sûrement en découvrant les secrets fascinants des arbres que nous les protégerons mieux. C’est en tout cas le leitmotiv du forestier Peter Wohlleben, auteur de La vie secrète des arbres (éd. Les Arènes). Vendu à 350 000 exemplaires en Allemagne, son livre est aussi un best-seller en France où 100 000 exemplaires sont en cours de réimpression. La raison d’un tel succès ? Un anthropomorphisme assumé pour décrypter le comportement « émotionnel et social » des arbres. La mise en miroir de ce frère végétal nous parle mieux qu’un langage scientifique : quand on sait que l’arbre a une intelligence bien à lui, qu’il est doté d’une mémoire, qu’il est sensible à la douleur, qu’il vit en communauté avec ses enfants et qu’il a des amis… difficile de l’abattre ou de détruire son environnement sans sourciller, non ? De Vincent Karche (éd. Leduc.s).
De Stéphane Hette, Frédéric Hendoux et Francis Hallé (éd. Salamandre). De David G. Haskell (éd. Flammarion).
D’Henriette Walter et Pierre Avenas (éd. Robert Laffont).
* Etude publiée dans « Proceedings of the National Academy of Sciences »