PEUT-ON ZAPPER LES ANTIBIOS ? . Ça dépend… Quand et comment s’en passer pour éviter l’overdose
MÉDICAMENT MIRACLE, OUI ! MAIS CE N’EST PAS UNE RAISON POUR EN ABUSER. QUAND ET COMMENT S’EN PASSER ?
Mauvais point pour nous : la France consomme
30 % d’antibiotiques en plus que la moyenne européenne. Avec, comme conséquence directe, la croissance des bactéries résistantes ! Il faut dire que 1/3 d’entre nous estiment encore qu’ils sont utiles contre une otite ou une angine virale* alors qu’ils ne s’attaquent qu’aux bactéries. Si le problème ne se limite pas à notre consommation (l’utilisation massive dans l’élevage commence à faire réagir), les réduire dans notre pharmacie est une urgence.
A cause des bactéries mutantes, on ne peut plus guérir certaines pneumonies ou des infections attrapées à l’hôpital. L’antibiorésistance causerait même 25 000 décès par an en Europe ! Sans compter les effets dévastateurs de ce médicament sur nos flores intestinale et vaginale, nous exposant à d’autres maux : désagréments passagers, mais aussi allergies, maladies auto-immunes. « Mais on peut faire marche arrière, à condition de revoir notre utilisation », rassure le Pr Antoine Andremont, chef d’un service de bactériologie et auteur d’Antibiotiques, l’overdose ! (Bayard). Alors quand on peut, on met la pédale douce. * Etude Pfizer/Ipsos, novembre 2017
ENCORE UNE CYSTITE ! BOOSTER SES DÉFENSES NATURELLES
Douloureuse, inconfortable... l’infection urinaire, on veut que ça passe vite ! Un traitement antibiotique en une prise nous soulage en général en 24 h. Mais si on est abonnée (plus de 4 cystites par an), en avaler à chaque fois pose problème, d’autant qu’on déséquilibre la flore vaginale qui sert de bouclier protecteur, un cercle vicieux. L’ALTERNATIVE : PHYTO ET PROBIOTIQUES À LA RESCOUSSE. On réduit nettement les récidives grâce à un traitement de fond à base de cranberry (dosée à 36 mg Pac/jour pendant au moins 6 mois) ou de D-Mannose, un sucre naturel (2 g/jour pendant 3 mois) : les deux limitent la fixation des bactéries sur les parois de la vessie. « Il faut agir à tous les niveaux, en traitant aussi les intestins, puisque les bactéries en cause viennent du côlon, et le vagin, qui sert de porte d’entrée à ces bactéries, via des probiotiques adaptés », ajoute le Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue et auteur de Microbiote vaginal : la révolution rose (Marabout). « Si une nouvelle crise survient et qu’on n’a pas trop mal, on peut être soulagée dans 80 % des cas en 48 h grâce à la busserole », indique le Dr Jean-Michel Morel, médecin généraliste et auteur du Traité pratique de phytothérapie
(Grancher). Cette plante est très concentrée en arbutoside, une molécule antiseptique qui s’élimine par voie urinaire, elle est également anti-inflammatoire, pour calmer la douleur, et diurétique, pour favoriser l’élimination des germes. 4 ou 5 gélules d’extrait sec par jour, dosées chacune à 200 mg (Busserole Naturactive). Si les symptômes persistent au bout de 48 h, on consulte.
UNE ANGINE ? ON FAIT LE TEST ILLICO
Mal de gorge intense, du mal à déglutir... pas question de se voir prescrire un antibio sans avoir effectué le test salivaire qui permet de savoir en 5 à 10 min si l’angine est virale (quasiment 3/4 des cas chez l’enfant et 9 fois sur 10 chez l’adulte) ou bactérienne. On peut le faire directement en pharmacie ou chez son médecin. Seule l’angine causée par le streptocoque A nécessite un antibiotique en raison des risques de problèmes rénaux et cardiaques. L’ALTERNATIVE : LES HUILES ESSENTIELLES FONT DES MERVEILLES. La plupart des angines guérissent naturellement en
3 à 5 jours. En attendant, on mise sur les Gouttes aux essences (Naturactive), un mélange d’huiles essentielles (HE) antiseptiques (cannelle, thym) et antalgiques (girofle,
menthe poivrée) : 25 gouttes 4 ou 5 fois par jour chez l’adulte (10 gouttes chez l’enfant de 6 à 15 ans), dans un verre d’eau tiède qu’on boit lentement. On utilise également la propolis, à la fois anti-infectieuse, anti-inflammatoire et légèrement immuno-stimulante, sous forme de sprays (Ladrôme ; Ballot-Flurin ; 3 Chênes) ou de pastilles (Oropolis, Médiflor ; Arkoroyal, Arkopharma).
UNE BRONCHITE QUI S’ACCROCHE. PAS DE PANIQUE !
Ce n’est pas parce qu’on a les bronches très encombrées ou qu’on tousse depuis plus d’une semaine qu’il faut forcément recourir aux antibios. « Il n’est pas anormal qu’une toux chronique dure de 8 à 15 jours après une rhinopharyngite », rappelle le Dr Morel. On se rétablit aussi en expectorant et les antibiotiques n’accélèrent pas la guérison. En revanche, si la fièvre est élevée, que maux de tête et grosse fatigue nous clouent au lit, on consulte. L’ALTERNATIVE : CALMER LA TOUX NATURELLEMENT. Pour assainir et pour dégager les bronches, on associe deux familles d’huiles essentielles : celles qui contiennent de l’eucalyptol (myrte ou eucalyptus globuleux), à la fois mucolytiques, expectorantes et antitussives, que la toux soit sèche ou grasse, et celles qui contiennent des terpènes et aident à mieux respirer
(pin sylvestre ou cyprès). Chez l’adulte ou le grand enfant, 1 goutte de chacune dans une cuillerée de miel, 3 fois par jour, ou en inhalation (capsules chez Pranarôm ou Olioseptil).
Les sirops à base de lierre grimpant (Prospan, Herbion,
Activox...) fluidifient la toux grasse.
AÏE, UNE OTITE ! QUE DIT LE TYMPAN ?
Souvent bactérienne chez les jeunes enfants (elle peut débuter par un virus mais se surinfecter), elle nécessite toujours un examen médical pour vérifier si le tympan menace de se percer. « Si ce n’est pas le cas, on peut très bien attendre 48 h pour voir comment ça évolue et si la fièvre tombe, en prescrivant un antidouleur si l’enfant a très mal, avant de donner un antibiotique », rappelle le Pr Andremont. L’ALTERNATIVE : SOULAGER, DÉCONGESTIONNER. En plus des antalgiques classiques (type paracétamol, qui aide aussi à faire baisser la fièvre), on peut donner à partir de 30 mois des huiles essentielles, mais plutôt en suppo à demander au pharmacien et sur prescription. Il peut par exemple associer l’HE de lavande anti-inflammatoire + l’HE
de niaouli décongestionnante + l’HE de girofle antalgique. Après 7 ans, on applique 2 gouttes d’HE de lavande + 1 goutte d’HE d’arbre à thé, antivirale et anti-infectieuse (à acheter en pharmacie), diluées dans 3 gouttes d’huile végétale type amande douce, directement derrière l’oreille. Et on traite bien la rhinopharyngite associée, avec des pulvérisations nasales d’eau de mer pour décongestionner.