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LA PETITE BOUTIQUE JAPONAISE

C’est en lisant la BD

Yoko Tsuno que Pam fit ses premiers pas dans la culture japonaise (que l’auteur soit belge ne minimisa en rien cette nouvelle passion). Au même moment, Thad se scotchait au téléviseur familial et se découvrait une fascination pour la série Kung Fu (David Carradine pouvait être américain, cela n’y changeait rien). Les années passèrent et ce qui avait pu sembler une tocade devint, pour l’un comme pour l’autre, un choix de vie. Et lorsque la vie fit se rencontrer l’apprentie geisha et le samouraï en devenir… Se construire une identité pour révéler la sienne, voilà peut-être le fin mot de cette jolie histoire d’amour, qui ne manque pas d’humour F. F. Par Isabelle Artus, éd. J’ai Lu, 320 p., 7,90 €.

TU ME VERTIGES

Ils se rencontrent lors une soirée chez les Leiris, avec Sartre et Beauvoir, et deviennent amants une nuit de juin 44, veille de la Libération. Elle, c’est Maria Casarès, flamboyante actrice espagnole, lui Albert Camus, écrivain et futur Prix Nobel. Entre eux, la passion est brûlante. Elle joue dans les pièces qu’il écrit. Il lui confie ses tourments. Pourtant, Maria le quitte quand Francine, femme légitime de Camus, revient d’Oran. Deux ans après leur rupture, ils se croisent sur les Grands Boulevards. Leur histoire reprend comme au 1er jour. Jusqu’à l’accident de voiture où Albert Camus perd la vie… Un roman-bio bouleversant, incroyablement enlevé, qui se dévore de la première à la dernière ligne. I. B. Par Florence M.-Forsythe, éd. Le Passeur, 435 p., 8,50 €.

SNOBS

Edith est une peste, alors qu’elle s’imagine gentille et perspicace. Une hypocrite de première. Sous des dehors vertueux, elle use de sa beauté pour ravir le coeur du plus beau parti de Londres. Mais à peine son forfait accompli, elle méprise son mari et tourne le dos à ses amis, pas assez « bien nés », qui, aujourd’hui, l’embarrassent. Un titre et des terres n’empêchent pas Edith de s’ennuyer à périr dans son château. Un tournage inopiné va la sortir de sa torpeur et la présence d’un acteur beau comme un astre lui chavirer les sens… Mais cédera-t-elle à la tentation ? Une subtile critique de l’aristocratie anglaise pleine d’humour et de lucidité. God save

the Queen ! F. F. Par Julian Fellowes, éd. 10/18,

408 p., 8,40 €.

LA MAISON AU BORD DE LA NUIT

Une île, à quelques vagues de la Sicile, un orphelin devenu médecin, deux enfants nés la même nuit, deux familles à jamais liées sur quatre générations. La saga italienne de la romancière anglaise Catherine Banner est l’antidote parfait à des siestes ennuyeuses. Mieux qu’une série télé, les aventures d’Amadeo et de Pina croisent les soubresauts de l’Histoire. L’île de Castellamare a beau être éloignée du continent, la guerre finit par la rattraper, et les fascistes volent les fils d’Amadeo. Seule la fière et belle Maria-Grazia reste auprès de ses parents pour s’occuper du café. Amours, trahisons et superstitions sous le regard scrutateur de Sant’Agata. Le filtre magique de notre été. N. S. Par Catherine Banner, éd. Pocket,

576 p., 8,60 €.

LES SOUPERS DE SCHÉHÉRAZADE

Pour tenir en éveil le sultan et échapper à la mort, la belle Orientale devait non seulement peaufiner le suspense de ses histoires mais les nourrir de sensualité. Dans ce recueil, succulent, Odile Godard imagine Schéhérazade décrire les mets qui émaillent ses contes. Ainsi, pour séduire une princesse dont il est follement amoureux, le jeune traiteur Aladin la régale d’une glace au miel et aux figues fraîches légèrement caramélisées. Un djinn serpent offre à une triste jeune femme du tarama dont « le parfum de fumé et la saveur acidulée (…) dissipent les esprits chagrins ». A chaque fin de chapitre, les recettes sont toutes divinement restituées. Un bijou de gourmandise à savourer tout l’été. I. B. Par Odile Godard, éd. Libretto,

208 p., 8,70 €.

LE CLUB DES PHILOSOPHES AMATEURS

Alors qu’elle papote avec une connaissance à la fin d’un concert, Isabel assiste à une chute fatale. Etourderie ou suicide ? On ne tombe pas impunément du second balcon. Isabel, choquée, ne peut s’ôter ce terrible évènement de l’esprit. Pour sa tranquillité, elle va s’intéresser au jeune homme… Et s’inquiéter de plus en plus de la possibilité d’un homicide. Une tête bien faite doit bien servir ! Mais celle-ci est aussi préoccupée par la relation que sa nièce entretient avec un fat qu’elle juge peu recommandable, par son club de philosophes qui tarde à se réunir, par les articles qu’on lui soumet. Isabelle, si attachante et spirituelle, ferait peut-être mieux de se mêler de ses affaires. Ou pas. Vous prendrez bien une tasse de thé ? F. F. Par Alexander McCall Smith, éd. Du Masque, 290 p., 8 €.

NUMÉRO 11

Adresse du ministre de l’Economie britannique, le n° 11 est également celui d’un bus où une chanteuse has been vient se réchauffer, d’une maison où se cache un étrange cadavre, d’une table de gala où un meurtre sera peut-être élucidé… Un chiffre mystérieux, qui sert de code d’entrée à ce roman construit en cinq récits grinçants autour de la vie de Rachel et d’Alison, deux amies d’enfance dont les destins tissent la toile de fond d’une satire sociale et politique de l’Angleterre contemporaine. L’auteur joue avec nos peurs, petites et grandes, pour mieux révéler la folie de notre monde. Et rappelle, in fine, que les relations humaines sont ce qui nous reste de plus précieux. M. F. Par Jonathan Coe, éd. Folio,

481 p., 8,30 €.

LA VEUVE DES VAN GOGH

Lorsque Van Gogh meurt en 1890, sa belle-soeur Johanna, l’épouse de Théo, n’a guère eu le temps de le connaître. Pourtant, la jeune femme cultivée et curieuse, qui a étudié la littérature à Londres, a conscience de son génie. Six mois plus tard, la mort emporte Théo la laissant seule à élever leur fils. Détentrice des centaines de tableaux de son mari, elle se met en tête de trier l’oeuvre de Vincent et plonge dans la correspondance des deux frères. Camilo Sanchez s’est appuyé sur ces lettres et le journal intime de la veuve pour dessiner les contours de cette femme intelligente et visionnaire, qui organisa, à ses frais, une rétrospective du peintre à Amsterdam. Un livre qui irradie de beauté encore après l’avoir fermé. N. S. Par Camilo Sanchez, éd. Liana Levi Piccolo, 160 p., 7,50 €.

PAR AMOUR

En 1939, au Havre, se nourrir et se chauffer relèvent d’un combat quotidien. En l’absence de son mari mobilisé, Emélie porte à bout de bras sa famille. Quand Joffre revient, il est différent : que reste-t-il du couple passionné qu’ils formaient ? Pourquoi l’être adoré capitule-til ? Valérie Tong Cuong ne signe pas un énième livre sur la guerre, elle rend palpable la force herculéenne que peut procurer l’amour, marital et filial. En variant les narrateurs, la romancière dévoile ces héros de l’ombre tantôt à travers les yeux effrayés, naïfs et purs des enfants, tantôt pudiques et douloureux des adultes. Une émotion irréfrénable qui recentre le lecteur sur l’essentiel : la vie coûte que coûte. N. S. Par Valérie

Tong Cuong, éd. Le Livre de Poche, 383 p., 7,60 €.

LES VIEUX NE PLEURENT JAMAIS

Judith coule des jours tranquilles à Brooklyn. Depuis le décès de son mari, Herb, elle, s’étiole sans même s’en rendre compte. Vieillir est pour elle une résignation. Lorsqu’elle réalise que renoncer à ses envies, à ses plaisirs, au respect, c’est aussi taire son courage. Elle retrouve l’audace qu’elle avait autrefois. Une connexion Internet et un billet d’avion en poche vont lui permettre de renouer avec la jeune fille qu’elle était. Enfin, pas tout à fait, car on ne peut remonter le temps, ni toujours réparer ses erreurs. Mais ce qui est sûr, c’est que cette histoire si bien tricotée entre les époques d’une vie aura un écho. N’oublions jamais qui nous sommes, même si l’âge nous force à ralentir. F. F. Par Céline Curiol, éd. Babel,

324 p., 8,70 €.