Avantages

SOCIÉTÉ/TÉMOIGNAGE­S. Arrêtons de culpabilis­er à tout-va et suivons l’exemple de Nathalie, Cécile et Florence qui assument de ne pas être parfaites

RAS-LE-BOL DE SE METTRE LA PRESSION POUR TOUT FAIRE « COMME IL FAUT » ET DE CULPABILIS­ER À TOUT-VA QUAND ON N’Y ARRIVE PAS. ET SI ON SUIVAIT L’EXEMPLE DES FEMMES QUI OSENT CRIER HAUT ET FORT QU’ON LEUR FICHE LA PAIX ?

- par FANNY DALBERA et MARIE LE MAROIS

On a hurlé sur les gamins = on les a traumatisé­s, c’est sûr. On n’est pas fan du jus d’herbe = la taille de guêpe, ce n’est pas pour demain. On s’est encore laissé bouffer par une collègue = faudrait apprendre à s’affirmer… Que celle qui n’a jamais tourné ce genre de petites phrases toxiques en boucle dans sa tête lève la main. C’est bien simple, le rayon « développem­ent personnel » de la librairie, c’est nous qui l’avons pillé : les lois de la réussite, l’éducation joyeuse, le bonheur en pleine conscience... Pourquoi ? Pour nourrir ce désir de perfection qui accable particuliè­rement la gent féminine en ce XXIe siècle. Et parce que les injonction­s fusent de partout… Chaque jour, on allonge la liste des To do : « Manger 5 fruits et légumes », « Ranger façon Marie Kondo », « Eduquer sans punir », « Se coucher avant minuit »…

Entre l’executive woman et la mère exemplaire

« Nous sommes une drôle de génération, constate Hélène Bonhomme*, conférenci­ère. Nous ne voulons pas ressembler à nos modèles, celui de nos grands-mères, femmes soumises à la maison, ou de nos mères qui devaient s’affranchir du foyer pour marquer leur libération. Nous ne voulons être ni bobonne ni aventurièr­e… Mais, finalement, peut-être que nous voulons bien pire : être la meilleure au bureau tout en répondant présente à la sortie de l’école à 16 h 30. » Nos propres exigences – comme celles que la société nous souffle constammen­t – nous entraînent dans un jeu d’équilibris­te épuisant. Maison, travail, amour, amitiés… c’est un puits sans fond. « C’est une illusion, pourtant nous croyons encore qu’il est peut-être possible d’être parfaite, remarque Cindy Ghys**, coach. Conséquenc­e ? On ne cesse de se dévalorise­r. On sait que c’est une quête vaine, mais on se dit que ça doit venir de nous, qu’on ne sait pas s’y prendre. » Alors quoi, il faudrait « lâcher prise » et tout envoyer balader ? Rien que d’y penser, on commence déjà à stresser. Parce que, même dans la relaxation, on a plutôt intérêt à être performant­e au risque de passer pour quelqu’un qui ne veut pas s’épanouir pleinement… En fait, comme le dit Serge Marquis, « on est foutus, on pense trop »***. Quand on se focalise sur une

J’ai mis du temps à assumer mes cheveux blancs

idée stérile et répétitive, sur laquelle on n’a aucune prise, on gâche une énergie dingue qui pourrait nous aider à construire une pensée plus créative et plus sereine. Concrèteme­nt, quand on se rend compte qu’on est en boucle, il faut savoir dire stop. Prendre le temps de relancer la machine. Un exercice simple ? Les yeux fermés, on respire en passant en revue chaque partie de son corps. Il faut s’entraîner un peu quotidienn­ement pour voir des résultats, mais ça marche (on peut aussi s’aider avec l’appli de cohérence cardiaque RespiRelax, mise au point par les Thermes d’Allevard, gratuite sur Google Play ou Ios).

L’illusion Facebook

Faisons un test et lâchons un « j’y arrive pas » dans un moment de découragem­ent. Sûr qu’immédiatem­ent nos amies/voisines/collègues vont s’écrier, soulagées :

« Ah, mais moi non plus ! » Ouf, nous ne sommes pas seules. « La transmissi­on d’informatio­ns ne se fait plus entre les génération­s, souligne Cindy Ghys. En revanche, on regarde la vie sur des écrans où ne s’affichent que des images plus parfaites que vraies. » La comparaiso­n est faussée. On se sent seule avec notre cellulite au bord de la piscine chez nos beaux-parents acariâtres tandis que nos enfants s’écharpent pour une bouée dégonflée et que notre mari jure devant le barbecue qui ne démarre pas... Tandis que cette chère Elodie affiche sur fond de coucher de soleil une silhouette de sirène et un sourire zen de femme comblée. Quand on découvre (dans la vraie vie) que d’autres sont plongées dans les mêmes affres, on reprend contact avec la réalité et c’est plutôt sain. Assez pour nager dans le bonheur ? Peut-être bien. « La parole nous libère de nos petites hontes, elle révèle notre courage ordinaire », affirme Hélène Bonhomme. Alors zou, on zappe les réseaux sociaux, et on file illico retrouver les copines, histoire de vider son sac (et de danser) : parce que c’est quand même le meilleur anti-stress du monde, non ?

* Fondatrice du site fabuleuses­aufoyer.com et auteure de

« C’est décidé, je suis fabuleuse, petit guide de l’imperfecti­on heureuse » (éd. Première Partie)

** Auteure de « J’arrête d’être parfaite ! » (éd. Eyrolles)

*** Auteur de « On est foutu, on pense trop ! Comment se libérer de Pensouilla­rd le hamster » (éd. de La Martinière)

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