En mer Egée, les îles bijoux du Dodécanèse
PLAGES DORÉES, MER CRISTALLINE, VILLAGES CROQUIGNOLETS, MAIS AUSSI CHÂTEAUX FORTS ET MINARETS : LES ÎLES DE CET ARCHIPEL AUX CONFINS DE LA GRÈCE SONT AUTANT DE PETITS PARADIS.
Kastellórizo, l’île bijou
La rejoindre est une petite aventure : seuls 3 bateaux par semaine et 1 avion à hélice la relient au monde grec. Et pour cause : Kastellórizo est la plus orientale des îles grecques. Un confetti flottant à 120 km de Rhodes, sa plus proche voisine, et à seulement 2,5 km de la Turquie. A peine le pied posé, comment ne pas être ému et subjugué par tant de beauté ? Megisti, son port, seul et unique village de l’île, est un véritable joyau. Bleues, roses, ocre : une guirlande de maisons néoclassiques aux façades pastel s’étire le long de son quai. Difficile d’imaginer qu’au début du XXe siècle 10 000 personnes y vivaient. Grâce à son port profondément échancré, l’île commerçait alors dans toute la Méditerranée. Durement frappée pendant les guerres, elle a cependant gardé quelques émouvants vestiges de sa grandeur passée : un château fort construit par les Chevaliers, une jolie mosquée au minaret effilé, une école qui ressemble à une petite université… Dans l’eau cristalline du port, de grosses tortues marines, les fameuses Caretta caretta, barbotent en lorgnant du côté des tavernes. Quel plaisir de les voir nager tout en dégustant un calamar farci ou un risotto aux fruits de mer sur le quai (tavernes Alexandra ou Lazarakis). Encerclée de falaises, l’île n’a pas de plage. Mais il est facile, d’un coup de bateautaxi, d’aller nager dans la Grotte bleue, merveilleuse cathédrale saphir cachée sous les falaises. Ou de se faire déposer sur l’” lot dÕçgios Ge—rgios où transats et terrasses attendent les amateurs de farniente.
Karpathos, l’île nature
Entre la Crète et Rhodes s’étire, tel un i, une montagne plantée dans la mer : Karpathos, l’une des îles les plus préservées et isolées de Grèce. Difficile d’accès – il y a maintenant un petit aéroport –, elle a conservé ses traditions et toute son authenticité. Son point fort : ses plages au sable clair et sa mer incroyablement limpide comme à Apella, Kyra Panagia et Achata. Complètement sauvage, sa côte nord est spectaculaire. Haut perché, le village d’Olympos semble suspendu dans le ciel. Ses maisons aux balcons ouvragés dégringolent d’une crète où s’alignent des dizaines de moulins. Dans un labyrinthe de ruelles, les femmes portent encore le costume traditionnel avec foulard sur la tête, veste et tunique brodées, bottes de sept lieues aux pieds. Des cafés s’échappe parfois le chant improvisé d’une mantinada (récitatif) accompagné par une lyre. Des nombreux fours à bois sortent des miches rondes de pain et des tourtes aux herbes et au fromage (coup de coeur pour la taverne Milos). Au-delà commence une terre d’aventure. Depuis le village d’Avlona, on explore à pied le cap de Vroukounda (2 h A/R, facile) : on marche entre les ruines d’une cité antique avant de pénétrer dans une église cachée dans une grotte (grande fête sur le site les 28 et 29 août). A moins d’embarquer pour Saria, un îlot qui flotte au nord de Karpathos, comme un point sur le i. C’est notamment le refuge d’une colonie de phoques moines et de rares salamandres. Dinos, qui s’occupe de ce parc marin, emmène plonger – avec ou sans bouteilles – dans ses eaux translucides (divingkarpathos.gr).
Rhodes, l’île des Chevaliers
Capitale de l’archipel, Rhodes est la porte d’entrée du Dodécanèse. En escale, on visite sa vieille ville, incontournable : estampillée patrimoine de l’Humanité, elle a été bâtie par les Chevaliers de l’ordre de Saint-Jean entre les XIVe et XVIe siècles. Hauts remparts, bastions, fossé, courtines crénelées… protègent toute une ville aux ruelles pavées. L’autre visage de la ville médiévale est son Bourgo, le quartier résidentiel, beaucoup plus vaste et modeste. Beaucoup plus attachant aussi. Ses ruelles distillent un parfum d’Orient : fontaines, mosquées, hammam… On y trouve l’une des meilleures tavernes de Grèce, Ta Petaladika, où l’on sert coquillages, poulpe, thon, crevettes… mais aussi salades colorées et plats de viande raffinés.
Symi, la belle élégante
Ce n’est pas un hasard si Symi était l’île préférée de Jean d’Ormesson : on la surnomme l’Archontissa – la dame distinguée – du Dodécanèse. L’île a connu un enrichissement et un rayonnement spectaculaires au XIXe siècle grâce au commerce des éponges. De cette période, elle conserve une élégance innée. Depuis le pont du bateau, la première image est celle d’une île montagneuse et sauvage. Quand, soudain, le port s’ouvre, éblouissant de majesté : les maisons néoclassiques aux façades multicolores nous accueillent comme dans un somptueux décor de théâtre. On fuit la foule estivale, qui débarque pour quelques heures sur le quai, en tournant à droite et on rejoint en quelques enjambées la taverne Tholos. Petites crevettes rouges de Symi, feuilles de vigne et fromage de chèvre frais : un festin de spécialités locales. En fin de journée, on s’élance sur la Kali Strata, la belle voie pavée bordée de superbes maisons patinées par le temps. Sa volée de 400 marches relie entre eux les deux principaux villages de l’île, Gialos, le port, et Chorio, l’ancienne capitale perchée. Là-haut, on se délasse sur la placette animée : petits cafés et boutiques au charme suranné, guirlande de moulins et vue plongeante sur le port. Paradis pour randonneurs, Symi compte peu de plages mais elles sont de toute beauté. Spectaculaire sous sa falaise,
Ágios Geórgios ne se rejoint qu’en bateau. Tout comme Nanou, un ruban de galets blancs au fond d’une profonde baie turquoise. Les pèlerins, quant à eux, n’hésitent pas à traverser l’île : tout au sud, le monastère Panormitis s’étire au bord d’un magnifique golfe quasiment fermé.