LÉA, 19 ANS, ÉTUDIANTE À SCIENCES PO PARIS
FONDATRICE D’AÏDA, SON ASSOCIATION OEUVRE POUR LES ENFANTS MALADES ET LEUR FAMILLE, ET A ÉTÉ PRIMÉE EN 2018 ENTREPRENEURS SOCIAUX.
Son histoire est fascinante. Léa a 15 ans quand Aïda, sa grand-mère, meurt d’une leucémie foudroyante. Passé le choc, la jeune fille d’origine libanaise sent un besoin urgent de donner du temps aux autres, sur les traces de son aïeule qui s’occupait des familles démunies. Son combat à elle sera le cancer. Elle contacte une cinquantaine d’associations. En vain. « Celles qui daignaient me répondre me reprochaient d’être trop jeune ou me proposaient du bénévolat incompatible avec mes heures de cours ! » On ne veut pas d’elle ? Cette battante décide de monter une association adaptée aux jeunes pour… les jeunes. Elle n’a pas l’âge pour fonder « une vraie » association* ? Elle subtilise la signature de sa mère… avocate. Hasard du calendrier, l’association est enregistrée le 22 décembre 2015, jour de l’anniversaire de Mamie Aïda. Les hôpitaux ne la prennent pas au sérieux pour intervenir ? Avec sa bande de copains de seconde, elle crée une page Facebook et, au fil des post, les familles des jeunes malades les contactent. Aujourd’hui, l’association accompagne 200 familles chaque année, avec plus de 500 bénévoles dont 80 % de moins de 18 ans, « la plus jeune a 8 ans ! ». Par sa maturité et sa finesse d’esprit, Léa est étonnante. Elle a compris que si l’accompagnement de l’enfant est essentiel, celui de sa famille l’est tout autant : « Pour que les parents restent unis malgré la souffrance, on allège leur quotidien en faisant du ménage, des courses, du baby-sitting. » Idem pour les frères et soeurs : « On les chouchoute pour leur anniversaire, Noël, pour atténuer leur sentiment de solitude. » Inlassablement, cette ambitieuse développe l’association, rencontre à chaque fois les nouveaux bénévoles (142 à la rentrée), lève aussi des fonds (500 000 € jusqu’à présent !) et reste toujours disponible pour les familles qu’elle soutient depuis ses débuts. Dernièrement, ce petit bout de femme aux yeux pétillants a passé un week-end entier avec l’une d’entre elles à l’hôpital. Alors oui, parfois, c’est compliqué. Elle est obligée de jongler avec ses cours, récupérer les « slide des professeurs », se coucher tard pour faire ses devoirs.
« Mais cette association m’apporte tellement ! J’ai appris à gérer une équipe, à avoir plus confiance en moi. En nous. Surtout, moi qui étais très timide, je prends la parole devant des
centaines de personnes. » À ses heures perdues, Léa adore écrire (elle en est à son troisième roman), lire, écouter de la musique. Et vient de se mettre à la boxe. « J’ai une vie de mon âge mais avec du sens. » associationaida.org * Il faut avoir plus de 16 ans pour créer et administrer une association, sinon c’est une Junior association