L’AUSTRALIE, c’est fort en bush
EMBARQUEMENT AU BOUT DU MONDE, POUR UNE AVENTURE INOUBLIABLE AU KAKADU, LE PLUS GRAND PARC NATIONAL DU PAYS.
Surla route rectiligne déserte, bordée par la végétation dense et régulière du bush, tout juste ponctuée par des termitières géantes comme autant de bornes kilométriques, le 4x4 file sans obstacle à l’horizon, quand il stoppe brusquement. Ringer, notre chauffeur, saute du véhicule, attrape un bâton et soulève nonchalamment un long serpent qui paressait sur le bitume chauffé par un soleil ardent. Le reptile écarté, la route reprend son cours, rythmé par les rencontres aléatoires : dingos (chiens sauvages), buffles, wallabies… On passe régulièrement au milieu de broussailles en feu sans apercevoir l’ombre d’un garde. Pas de quoi s’inquiéter, rassure Ringer, c’est l’écobuage saisonnier, pratique ancestrale qui assure la régénération de la savane après la saison humide.
BIENVENUE AU KAKADU
On a cassé notre tirelire, parcouru la moitié de la Terre, mais tout cela le vaut largement, et même au-delà. Nous voilà dans le parc national le plus grand d’Australie, où l’on n’a pas fini de s’étonner, de frissonner, de transpirer, de s’émerveiller. Temple de la biodiversité, il recèle près de 2 000 espèces végétales, 300 variétés d’oiseaux, une centaine de reptiles, 60 mammifères – sans compter les milliers d’insectes. Un cours d’histoire naturelle à ciel ouvert.
LES DÉBUTS DU MONDE EN DESSINS
Un cours d’histoire et d’anthropologie aussi, avec des rochers qui parlent une langue universelle. À Nourlangie et
Ubirr, deux sites d’art rupestre parmi les plus anciens connus au monde, des sentiers bien fléchés et documentés nous invitent à une petite grimpette passionnante pour scruter les scènes de vie imprimées en noir, blanc et ocre sur les parois. Mains ouvertes comme autant de signes de bienvenue, silhouettes longilignes, tortues, poissons, marsupiaux, scènes de chasse, pêche, et même danse endiablée : on cherche à décrypter les détails, tout en peinant à réaliser que ces peintures puissent avoir 20 000 ans. Mais il faut lever la tête aussi, car la vue panoramique est époustouflante. Depuis le sommet d’Ubirr, la plaine s’étend jusqu’à l’Arnhem Land voisin, où des sites d’art pariétal comme Injalak Hill justifient une excursion. Mais profitons d’abord d’autres rochers du Kakadu où l’on trouve un peu de fraîcheur (il fait fréquemment 30 °C) : à
Jim Jim Falls ou Gunlom, accessibles après un trajet de piste, on patauge avec bonheur dans les piscines d’eau douce situées au pied des cascades. Hors du temps.