LES QUESTIONS QU’ON N’OSE PAS POSER À SON gynéco
FACE AU MÉDECIN, IL Y A DES MOTS QUI ONT PARFOIS DU MAL À SORTIR. ALLEZ, ON BRISE LES TABOUS.
JE N’AI JAMAIS EU D’ORGASME, COMMENT Y REMÉDIER ?
« Les questions sur la sexualité ont toute leur place dans une consultation gynécologique », précise le Dr Marie-Laure Brival (1). Si on n’a jamais atteint l’extase à 30 ou 40 ans, on se rassure : « La vraie anorgasmie est extrêmement rare. Quasiment toutes les femmes peuvent arriver à l’orgasme, il faut partir à sa recherche, en explorant seule son plaisir, via la masturbation notamment. » Vient ensuite la question sur le type d’orgasme : il y a celles qui n’ont « que » des orgasmes clitoridiens et rêvent d’orgasme vaginal. Mais plus les connaissances sur le clitoris progressent et plus on lui découvre des ramifications étendues… jusque dans le vagin ! Bien plus qu’un « bouton », le clitoris est un véritable centre du plaisir qui peut aussi être excité par l’introduction et le frottement de la verge, et être à l’origine de la jouissance dite « vaginale ». Aucun de ces deux orgasmes n’est supérieur à l’autre, la clé est d’oser exprimer ce qui nous procure le plus de plaisir, même si ce n’est pas toujours lié à la pénétration.
JE PEUX PRENDRE MA PILULE
EN CONTINU POUR ZAPPER MES RÈGLES ?
De temps en temps pourquoi pas, il n’y a pas de danger pour la fertilité. « Mais si on souhaite ne plus avoir de règles, mieux vaut se tourner vers une pilule adaptée, notamment les microprogestatives », précise le Dr Brival. Cela diminue notamment le risque de spotting, des petits saignements qui peuvent apparaître de manière aléatoire.
J’AI DES PERTES QUI SENTENT MAUVAIS, C’EST GRAVE ?
La plupart du temps, non. Les pertes peuvent être plus ou moins abondantes et leur odeur peut varier selon la période du cycle ainsi qu’au fil de la journée. C’est même plutôt bon signe car c’est via ces sécrétions que le vagin se nettoie et se débarrasse d’éventuels agents pathogènes. « Il ne faut surtout pas essayer de camoufler ces pertes physiologiques en portant par exemple des protège-slips, insiste la gynéco, on risque d’irriter la zone, de déséquilibrer la flore et de favoriser ainsi une vraie infection. » En revanche, on remarque tout de suite des pertes anormales, signe que quelque chose cloche, « l’odeur est vraiment très forte, type oeuf ou poisson pourri », explique le Dr Brival. Il faut s’alerter aussi si la couleur change (pertes jaunâtres, grisâtres…) et si on souffre de fortes démangeaisons ou de douleurs. On consulte rapido pour traiter. Quant à la mycose tant redoutée, elle ne se manifeste pas par de mauvaises odeurs mais plutôt par d’autres symptômes
(ça gratte, ça brûle, on est irritée…). Direction la gynéco ou la pharmacie si on est (malheureusement) habituée.
JE SOUFFRE DE SÉCHERESSE VAGINALE JE FAIS QUOI ? ,
C’est un problème qui apparaît le plus souvent à la ménopause, mais qui peut survenir à tout âge, après l’accouchement, pendant l’allaitement, à cause d’un excès d’hygiène intime ou suite à la prise de médicaments type antidépresseurs. Pour en finir avec les démangeaisons, brûlures et rapports douloureux, on essaye les gels intimes lubrifiants et hydratants à base d’acide hyaluronique ou d’aloe vera (Saugella, Suvegel, Monasens,
Oxens…). A appliquer jusqu’à 2 h avant un rapport pour plus de discrétion. On complète par des produits pour réparer et réhydrater durablement la muqueuse, type gels à appliquer à l’intérieur du vagin
(Mucogyne, Monolub, Replens…). Ils s’utilisent tous les jours après la toilette, puis de façon plus espacée dès amélioration. Autre possibilité, les capsules à base d’huiles de bourrache, d’onagre et/ou d’huiles de poissons (Ménophytea Hydratation intime ; Luboral ; Donalis…) avec des acides gras qui favorisent l’hydratation et calment l’inflammation. En cure de 3 mois ou plus si la sécheresse s’installe. Si ça ne suffit pas et si la ménopause entraîne d’autres symptômes gênants, le gynéco pourra prescrire des phyto-oestrogènes ou un traitement hormonal substitutif pour compenser la baisse des oestrogènes, sauf contre-indications (antécédents de cancers hormono-dépendants notamment). Dans tous les cas, mollo sur la toilette intime qui aggrave le problème (on se contente de « passer » sur la zone, sans aller à l’intérieur du vagin, une fois par jour avec un gel douche neutre, sans parfum).
J’AI SUBI PLUSIEURS IVG, C’EST PROBLÉMATIQUE POUR TOMBER ENCEINTE ?
« Réalisée de façon médicale et dans de bonnes conditions (comme c’est le cas en France), l’IVG présente un très faible niveau de risque et n’impacte pas la fertilité future », rassure la gynéco. Des études ont d’ailleurs montré que les femmes qui ont subi plusieurs IVG n’ont pas de difficultés particulières à tomber enceinte. En revanche, c’est le signe qu’il faut discuter avec son gynéco d’un moyen de contraception efficace.
J’AI DES PETITES FUITES URINAIRES, QUELLE EST LA SOLUTION ?
Quelques gouttes s’échappent quand on tousse ou qu’on rigole ? C’est fréquent, puisque 10 à 15 % des femmes de moins de 50 ans et 30 % des quinquagénaires souffrent d’une petite incontinence. En cause : un affaiblissement des muscles du périnée, après l’accouchement, à cause d’une pratique sportive intensive ou encore à la ménopause suite aux modifications hormonales. Pour régler le problème, il faut tonifier les muscles du plancher pelvien qui soutiennent la vessie, à l’aide d’exercices proposés par un kiné ou une sage-femme, d’abord en cabinet, puis seule à la maison. On apprendra également à gérer différentes situations et à contracter les muscles pour éviter les fuites quand on soulève quelque chose de lourd ou qu’on éternue. Compter entre 5 à 15 séances pour être efficace. Idéalement, il faut démarrer 6 à 8 semaines après l’accouchement mais, même plus tard, ça vaut toujours le coup de s’y mettre. Si le relâchement est important, on se tourne vers des appareils d’électrostimulation capables de renforcer la contraction des muscles à rééduquer. Sous forme de petite sonde à introduire dans le vagin (MyPeriTens, Elvie…) ou d’appareils qui stimulent les muscles de l’extérieur
(Innovo), à utiliser à la maison. On demande toujours l’avis d’un professionnel de la santé avant de les utiliser.
J’AI TROMPÉ MON MARI, JE RISQUE DE LUI TRANSMETTRE QUELQUE CHOSE ?
Oui, sauf si on a utilisé un préservatif, y compris pour le sexe oral. De nombreuses infections se transmettent lors de la pénétration/l’éjaculation, mais aussi via une fellation ou un cunnilingus (notamment en cas de lésions au niveau de la bouche) : HIV (on n’en meurt plus, mais on n’en guérit pas), gonocoques (qui donnent des brûlures en urinant) ou chlamydiae (sans symptômes chez les hommes souvent, mais parfois fièvre, angine…), etc. Une prise de sang détecte le HIV et un prélèvement vaginal révèle la présence de gonocoques ou chlamydiae qui se traitent par antibiotiques. Pour ne pas refiler de maladie à son conjoint une seule option : le préservatif jusqu’au résultat des tests et/ou la fin du traitement.
MES PETITES LÈVRES SONT TRÈS LONGUES, IL Y A QUELQUE CHOSE À FAIRE ?
Il est toujours possible de passer par une labioplastie, une opération de chirurgie esthétique qui a pour but de modifier leur forme. Et, à en croire la demande en pleine croissance, cela devient un complexe qui touche de plus en plus de femmes. Mais contrairement à l’image véhiculée par les films porno (avec des sexes féminins où les petites lèvres dépassent à peine des grandes lèvres), il existe une très grande diversité de vulves : les petites lèvres peuvent aller jusqu’à une dizaine de centimètres de longueur, être claires ou très foncées et même asymétriques. Pour s’en convaincre, on fait un tour sur les sites labialibrary.org ou thevulvagallery.com (en anglais) qui publient des photos/dessins de sexes féminins.
MON PARTENAIRE PEUT-IL ÊTRE GÊNÉ PAR MON STÉRILET ?
C’est rare car, normalement, le fil qui dépasse du stérilet (pour permettre son retrait) a été coupé suffisamment court ou est peu rigide et se replie. Mais si notre partenaire le sent, il suffit d’en parler à son gynécologue, qui pourra ajuster sa longueur. Si la gêne apparaît au bout d’un certain temps alors que ce n’était pas le cas avant, cela peut être le signe que le stérilet a bougé. Mieux vaut consulter.