CITY GUIDE.
ESCAPADE DANS UNE VILLE QUI NE CESSE DE SE RÉINVENTER ET NOUS INVITE À PROFITER DE LA VIE SANS BOUDER SON PLAISIR.
Écrivains, peintres et musiciens ont laissé leurs empreintes à Tanger, la « Perle du Nord »
Le coeur de Tanger semble battre à un autre rythme que le reste du Maroc. S’il fallait rappeler que de nombreux écrivains, peintres, musiciens ont arpenté les ruelles de la ville, on dirait que Paul Bowles, Jack Kerouac ou Matisse ont laissé leur empreinte ici. Imprégnée de cela et de plus de 30 ans d’internationalisme – Tanger était un territoire autonome entre 1923 et 1956, administré par neuf pays, dont la France –, la Perle du Nord s’est libérée de tous les clichés généralement attribués aux villes du Maghreb. Ni indolente, ni secrète, Tanger reste libre, curieuse et ouverte sur le monde. Elle vit en décalé, aime se coucher et se lever tard sans jamais précipiter quoi que ce soit. Avant 10 h, rien ne bouge. Il faut profiter de cette parenthèse enchantée pour déambuler dans la médina, quand les échoppes ouvrent à peine, presque sans faire de bruit. Impossible de vivre Tanger en regardant sa montre : le petit déjeuner s’étire souvent jusqu’à 13 h et ce n’est qu’en fin d’aprèsmidi que les rues s’animent et bruissent autour des nouss-nouss (cafés au lait) et des thés à la menthe, jusqu’à grouiller de monde en soirée.
On se fait dorloter
Pour profiter d’une vue imprenable sur la baie et la médina, on pose ses valises au Dar Nour, l’une des plus anciennes maisons d’hôtes de la ville, en plein coeur de la kasbah. Chaque chambre est un cocon propice à la rêverie, mais c’est surtout le dévouement du personnel pour satisfaire les demandes de leurs hôtes qui rend le séjour des plus agréables. À deux pas, au Palais de L’Abyssin, on pourra découvrir, en privé, les plaisirs du hammam et des massages traditionnels, et profiter de la piscine chauffée.
DAR NOUR. 10 ch. à la déco soignée et de belles terrasses qui embrassent la ville à 360°. Buffet de spécialités tangéroises au petit déjeuner et cocktails à l’apéro. À partir de 60 € la nuit, petit déj. compris. 20, rue Gourna. darnour.com
L’ABYSSIN. Pour réserver une soirée privée au hammam, mieux vaut passer par le Dar Nour. Soirée hammam + massage + accès à la piscine chauffée, 70 €/pers.
22, Tenaker Kasbah. abyssindetanger.com
On perd le Nord
Dans les ruelles de la kasbah, on monte, on descend, on tourne en rond sans jamais se lasser : ici, une fresque murale aux couleurs sourdes, là, une fontaine où on se retrouve à la nuit tombée pour papoter… Dans quelques rues, il y a tout pour une parfaite journée : déjeuner sur la terrasse du concept-store Las Chicas, craquer pour les bougies naturelles
Rûmi 1436 et passer une soirée chic au Morocco Club jusqu’à l’heure des cocktails en musique au sous-sol. A l’occasion, on flâne dans le patio du musée de la Kasbah, à l’est du quartier, qui recèle des trésors archéologiques du bassin méditerranéen.
LAS CHICAS. Au rez-de-chaussée, une boutique proposant des vêtements de petits créateurs locaux bobos, bijoux, bougies… et, à l’étage, une cantine branchée avec tartes, soupes et salades fraîches. Menu déj. : env. 15 €. 52, rue Kacem Guennoun.
RÛMI 1436. Dans cette boutique-atelier, on dégote des bougies en cire végétale coulées à la main dans des verres à thé Beldi, qui sentent délicieusement bon (fragrances naturelles) et présentent bien (dans une boîte inspirée des chapeaux tarbouches traditionnels). 18 € l’une. 43, rue Amrah.
EL MOROCCO CLUB. Adresse parfaite pour dîner dans une ambiance feutrée et se laisser bercer par les rythmes du piano-bar en fin de soirée. Menu dîner : 35 €. Pl. du Tabor. MUSÉE LA KASBAH DES CULTURES MÉDITERRANÉENNES DE TANGER. Ouvert tous les jours, sauf le mardi. Entrée : 20 Dh (2 €). Pl. de la Kasbah.
Sur la place du Grand Socco, les voix graves des hommes s’entrechoquent à l’heure où les muezzins chantent l’appel à la prière. Quand le vent se lève et fait tourner les têtes, on trouve refuge dans la courette du restaurant Darna ou sous la verrière du café de la Cinémathèque. Puis on déambule dans la médina jusqu’au souk (qui va tester ses talents de négociateur chez les marchands de babouches ? Pour info, 80 Dh, soit 8 €, c’est le juste prix) et l’incroyable marché aux poissons. Avant de visiter la Légation américaine, un bijou architectural doté d’un patio calme et verdoyant.
RESTAURANT DARNA, Maison communautaire des femmes. Couscous et tajines copieux dans une ambiance chaleureuse sous le figuier. Menu déj. : 10 €. Rue Jules Cot.
CINÉMATHÈQUE (CINÉMA RIF). Un lieu mythique qui organise de nombreuses manifestations culturelles toute l’année. 3, rue de la Liberté. cinemathequedetanger.com
MUSÉE DE LA LÉGATION AMÉRICAINE. Boiseries anciennes, salons moquettés, bibliothèque… On musarde dans cette fastueuse demeure dédiée à l’étude des relations Maroc/USA, dont 1 des 40 pièces est entièrement dédiée à l’écrivain aventurier Paul Bowles (coup de coeur pour sa machine à écrire Olivetti). Entrée : 20 Dh (2 €). 8, rue d’Amérique.
On se laisse envoûter
A la nuit tombée, le boulevard Pasteur – l’un des principaux axes de la ville moderne – fourmille de jeunes gens.
La plupart se retrouvent sur la terrasse des Paresseux. D’autres s’installent au café La Giralda juste en face pour siroter un jus d’amande frais. Incontournable : faire le plein de senteurs chez Madini, la plus ancienne parfumerie de la ville, avant de pousser la balade un peu plus au sud pour goûter le poisson frit d’El Dorado ou pour grignoter des « tapas » dans le jardin de l’Hôtel Chellah pendant que les chanteurs locaux vocalisent au micro.
CAFÉ LA GIRALDA. Déco un peu kitsch, mais situation idéale : grandes baies vitrées sur le détroit et la côte espagnole au loin. On craque pour les jus d’amande ou d’avocat (env. 4 €). A l’étage du 2, bd Pasteur.
MADINI PARFUMEUR. Concrètes, huiles essentielles, imitations de parfums chics… Tous les flacons ciselés de la boutique fascinent. C’est une adresse parfaite pour les cadeaux. 50 Dh (5 €) les 50 ml. 5, bd Pasteur.
EL DORADO. On mange ici pour quelques euros dans une ambiance cosmopolite et sans chichis. Une pause qui
permet de tâter le pouls de la nouvelle ville. Menu du dîner : 7 €/pers. 21, rue Allal Ben Abdellah.
HÔTEL CHELLAH. On ne se laisse pas intimider par le hall d’entrée un peu vieillot, et on file côté jardin pour s’installer sur une table nappée de blanc près de la piscine pour profiter de l’ambiance musicale en sirotant une bière (petit plaisir plus toléré dans les adresses continentales). Menu tapas : 20 € /pers. 47-49, rue Allal Ben Abdellah.
On s’éloigne un peu
A 12 km à l’ouest de Tanger, on fait une halte au Cap Spartel, un promontoire qui marque le croisement de la Méditerranée et de l’Atlantique, et offre une superbe vue sur le détroit de Gibraltar. Ce site naturel est doté d’un phare mythique restauré et de quelques cafés où les Tangérois s’attardent le week-end, en famille. Certains poussent la balade un peu plus loin, jusqu’aux Grottes d’Hercule (mais attention, le site est devenu très touristique et les constructions de fortune alentour ne sont pas des plus jolies).
CAFÉ-RESTAURANT CAP SPARTEL. Un must pour siroter des jus de fruits frais et déguster des crêpes à l’amlou, une pâte à tartiner locale, composée d’huile d’argan, d’amandes et de miel. 7 € (jus + crêpe). Route Agla.