Avantages

TÉMOIGNAGE­S.

ET SI DANSER ÉTAIT BEAUCOUP PLUS QU’UNE SIMPLE ACTIVITÉ PHYSIQUE, MAIS UN VRAI MOTEUR POUR VOIR LA VIE DU BON CÔTÉ ET SE SENTIR EXISTER ?

- par photos MARIE LE MAROIS COCO MALET

Aurore, Isabelle et les autres l’affirment : « Je danse donc je suis ! » Et ça a changé leur vie

FLORENCE, 53 ANS

Il y a une vingtaine d’années, nous avions avec mon mari pris des cours de be-bop. Mais avec les activités de nos enfants – cinq entraîneme­nts de patinage artistique par semaine pour notre fille notamment… –, nous avons arrêté. En 2015, ma fille s’est mariée, puis mon fils est parti à Valence suivre ses études. Pierre, mon mari, m’a reparlé du be-bop. Aussitôt dit, aussitôt fait. Je n’ai même pas eu le temps de sentir le vide laissé par le départ des enfants. Nous avons repris le même prof, Jean-Jacques de Bebop n° 1*, qui, malgré les années, a gardé une sacrée énergie. On alterne les rythmes sur des musiques différente­s, comme Tilted de Christine and the Queens ou Barman de Soprano. En plus des cours, nous allons souvent en soirées et, en fin d’année, nous participon­s au gala de l’école. On danse à plusieurs couples la même chorégraph­ie. Dans le be-bop, qui a été créé juste avant le rock, il y a des pas de base et différente­s figures. J’en connais au moins une trentaine : beaucoup de clés, d’enroulés, de glissés et d’arrêts, parfois des jetés. Notre prof leur donne des noms : la divorcée, la kentucky, le tour du monde… Je ne suis pas une excellente danseuse, contrairem­ent à mon mari qui assure. Il est exigeant et me met parfois la pression, mais j’aime tellement danser avec lui ! Pour ma part, je suis davantage dans le ressenti. Ce qui me plaît, c’est me laisser guider et lâcher prise. Partager cette activité nourrit notre complicité. Je dirais même qu’elle émoustille notre désir. D’ailleurs, pas question en soirée qu’il invite deux fois la même cavalière

(la tradition veut que nous changions de partenaire­s). Et lui, pour bien montrer aux autres que nous sommes mariés, devient tout à coup très affectueux. J’adore. Outre d’avoir des moments à nous, le be-bop me permet de prendre l’air, sortir de chez moi et rencontrer de nouvelles personnes. L’année dernière, j’ai traversé un coup dur. Mon mari m’a obligée à aller en cours. Il a eu raison : j’ai pu me concentrer sur autre chose que ma douleur et passer un bon moment. Danser m’emporte.

* danse-marseille.fr

Avec mon mari, le be-bop, ça nous émoustille

ISABELLE, 49 ANS

J’ai toujours aimé danser*. Et c’est vraiment le hip-hop qui me fait bouger. En cours, mon corps et mon esprit sont envoûtés par la musique, je me transforme en Beyoncé.

Je me lâche d’autant plus que la méthode pédagogiqu­e à l’américaine du Body Jam

(un cours collectif qui mêle danse moderne et fitness) est assez accessible. Pas question de reproduire les mêmes gestes en dehors du cours, mais montrer mes derniers enchaîneme­nts à mes amies et danser ensemble reste un plaisir adolescent qui nous fait encore rire. Danser m’aide à tenir tous mes engagement­s et à… ne jamais sombrer. J’ai eu cinq ans difficiles, avec des décès successifs dans ma famille. La danse a été à la fois mon antidépres­seur et mon anxiolytiq­ue, ma discipline du bonheur. D’abord, parce que mon corps libère des endorphine­s en se défoulant, mais aussi parce que la musique me transcende : perte de contrôle, joie, et une joie décuplée car partagée. Et puis, il y a un côté sensuel. C’est une manière de se reconnecte­r avec son corps, ses formes et son féminin « sauvage ». Ce que j’aime aussi dans le hip-hop, c’est que les plus grandes danseuses ne sont pas filiformes. Seuls comptent le rythme (quatre ou huit temps) et la précision. Mes bases de danse classique, apprises petite fille, me servent toujours. En ce moment, entre mon boulot et l’expo que je prépare au Mucem**, je prends des cours quatre soirs par semaine. Plus mon planning est chargé, plus je danse. À chaque fois, c’est une injection de félicité. J’en ai tellement besoin que, depuis trois étés, je vais jusqu’à prendre des cours en vacances au LA DanceFit Studio,

à Los Angeles, la mecque de la danse. On est plongé quasi dans le noir et, là, les basses à fond, on se croirait dans le film Fame.

* Fondatrice de la mode durable De Toujours. detoujours.com

** Expo « Vêtements Modèles », conservato­ire vivant de l’histoire du vêtement, du 29 mai au 31 août, Mucem Marseille.

Le hip-hop est mon anti-dépresseur

VANESSA, 38 ANS

J’ai découvert la salsa il y a sept ans, aux Antilles. Une révélation. Ma coloc’ m’avait entraînée à un cours, j’ai été conquise par le mouvement de ces femmes qui assumaient avec grâce leur corps, leurs seins, leurs fesses. Quand je suis arrivée à Marseille un an plus tard, la danse a été un bon moyen pour rencontrer des gens. Lors d’une soirée, j’ai découvert la Batchata et suis tombée amoureuse de cette danse encore plus douce et sensuelle. Elle intègre des jeux de tête, hanches, jambes, bras et même cheveux. Moi qui étais plutôt timide dans ma gestuelle, j’ai pris confiance en moi et appris à exprimer ma féminité. Du coup, quel plaisir de danser ! Aujourd’hui, je ne prends plus de cours, mais j’écume les festivals. Annecy en août, Marseille en septembre, Madrid en octobre, Montpellie­r fin janvier, je danse 10/15 h par week-end. C’est crevant mais j’ai le sourire jusqu’aux oreilles. Pas question d’attendre qu’un danseur m’invite : je repère les bons et vais les chercher. J’aime ce partage à deux, le toucher, les regards, le sourire, le lâcher-prise sur une mélodie. Le jeu également. Quand on est à l’aise avec son corps et la technique, on envoie du style et on s’amuse. Mais j’aime aussi danser seule, ce que je fais avec le Lady Styling. Ma super prof, Elsa Canor, nous a appris la chorégraph­ie de Sara Panero* (mon artiste du moment). Nous la dansons sur scène avec des groupes de différents pays. C’est fou comme on s’accorde alors qu’on ne parle même pas la même langue. Je danse en soirée** dès que je peux. Je suis infirmière de nuit en réanimatio­n et réflexolog­ue***, et jusqu’à l’année dernière, je travaillai­s de jour, au bloc. Combien de fois il m’est arrivé de sortir danser après le boulot et de me lever à 6 h en forme et heureuse. Mes collègues étaient plus épuisées que moi qui avais peu dormi. Danser, c’est ma bouffée d’oxygène, la source de mon énergie. Quand je vis des moments difficiles au travail, je vais toujours danser après. Ça peut sembler bizarre, mais ça m’aide à reprendre pied et à mordre la vie à pleines dents. C’est une bonne thérapie pour moi et je la conseille à beaucoup de patients.

* sarapanero.com

** Soirées répertorié­es sur salsa.faurax.fr

*** Facebook/ Une pointe de Reflex’

Grâce aux danses latines, je mords la vie à pleines dents

AURORE, 43 ANS

Enfant, j’ai commencé la danse classique à l’école de danse de Montpellie­r, parce que j’étais super active. Danser m’a permis de me poser, mais aussi de me structurer. À 25 ans, j’ai laissé tomber à cause de mon déménageme­nt à Marseille et de mon métier, auditeur financier (j’avais trop de déplacemen­ts). Entre-temps, j’ai changé d’activité (je suis responsabl­e administra­tive et financière) et un centre de danse extra a ouvert à côté de mon boulot*. À 40 ans, j’ai donc repris les cours. J’aime la rigueur, le maintien et la grâce du classique. Pratiquer m’aide à canaliser mon énergie, mais aussi à me vider la tête et évacuer mon stress. Pendant 1 h, je reste très concentrée sur la chorégraph­ie que je dois maîtriser à la fin du cours : j’enchaîne pointés, retirés, ronds de jambe, déplacemen­ts et petits sauts. Pendant ce temps-là, je ne pense plus au boulot ni au repas du soir à préparer…. Je me régale autant qu’à 20 ans, même plus. J’ose, je suis moins dans la retenue et davantage dans l’interpréta­tion. À travers mes gestes, j’exprime ce que je ressens. Avec l’âge et la maturité, le regard des autres et mon reflet dans le miroir n’ont plus d’importance, je danse pour moi. Je n’ai plus rien à prouver, de toutes les façons, je n’ai plus le physique. Quand je lève la jambe ou saute, j’ai l’impression de peser trois tonnes... Heureuseme­nt, j’ai une prof géniale, Bénédicte. Tout est fluide avec elle. Chacune fait avec son niveau. Je pratique avec elle le iò ballet, le vendredi et les master class certains samedis. Pendant une après-midi, on prépare une choré qu’on danse la dernière heure. J’ai gardé contact avec mes anciennes amies de l’école de danse de Montpellie­r. Au moins une fois par an, on se retrouve entre « vieilles », on loue un studio et on danse des heures nos chorégraph­ies d’il y a 25 ans. Je me souviens de chaque pas, moi qui n’ai aucune mémoire. D’ailleurs, le classique est super pour la travailler. Mon ballet préféré ? Don Quichotte. C’est une danse enlevée, de caractère. Vivante.

* jesuisio.com

La danse classique m’aide à canaliser mon énergie

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